Cameroun: Mbo’os et Bazous bagarrent pour le koki.

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Les deux communautés revendiquent la paternité de ce met traditionnel prisé par les camerounais.

On est loin d’une dispute de deux enfants autour d’un plat de nourriture pour lequel chacun veut s’approprier de la plus grosse part. Mais d’une bataille entre deux communautés qui réclament chacune la paternité du koki, un met traditionnel prisés par les membres de ces deux peuples.

Tout est parti du Festival « Keuka » ou « koki » dans son appellation plus connue tenu le 10 au 12février dernier à Bazou dans la région de l’Ouest Cameroun. Une manifestation faite de réjouissances généralement pendant laquelle les membres de la communauté bazou se retrouvent une fois l’an autour de ce met traditionnel pour se réconcilier et taire leur divergence. Un partage qui semble normal aux yeux de plus d’un.

Ce n’est pourtant pas ce qui met à bouts des nerfs les chefs traditionnels du Moungo mais plutôt la communication faite autour de cette manifestation où le koki est présenté comme une invention des Bazou et les mbo’os comme de simples appréciateurs. Thèse réfutée par l’association des rois et des chefs traditionnels du Moungo qui a pondu un communiqué pour dénoncer l’imposture.

En effet, ces gardiens de la tradition ont, à travers ce communiqué, accusé les bazou de s’illustrer depuis un moment dans une tentative d’appropriation d’un élément patrimonial qui n’est pas le leur.  Ils rappellent à ces derniers ainsi qu’à l’opinion que le koki est un plat de culture mboo dans le département du Moungo et la région du Littoral qui a fait la célébrité de ce peuple à travers le terme « mboo koki » assimilant tout mboo à ce met traditionnel et séculaire.  Il jouit par ailleurs, d’après leur communiqué, d’une protection intellectuelle à l’OPAI et à l’OMPI.

Malgré ces garde-fous, les bazou à leur tour n’ont pas hésité de réclamer la paternité du koki. Des agissements qui poussent les chefs traditionnels du Moungo à se poser des questions sur les réelles intentions de ces derniers.

Pour manifester son mécontentement contre cette tentative d’appropriation illicite du droit d’autrui, l’association des chefs traditionnels de Moungo a interdit toute participation à cette manifestation des chefs mboos qui y seraient invités. Par ailleurs, elle a mis en garde les chefs qui prendront les risques de transgresser à cette interdiction.  Geste qu’ils considèreront comme de la trahison à l’endroit de toute leur communauté.  Une menace qui ne dit son nom qui, cependant, a amené beaucoup à prendre en considération cette communication.

Depuis la sortie des chefs du Moungo, le comité d’organisation du Festival Keuka de bazou ne s’est pas encore prononcé. Renoncera-t-il pour les années avenir à célébrer son Festival au regard des arguments portés devant le public par leurs contestataires ? Jusqu’où ira cette bataille de l’appropriation du koki entre les Bazou et les Mboo. Affaire à suivre.

Félix EPEE

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