Présidentielles Sénégal 2024 : Idrissa Seck roule Macky Sall.

Administrateur

Alors qu’on l’attendait soutenir une éventuelle candidature de Macky Sall, l’ancien premier ministre d’Abdoulaye Wade et membre de la coalition au pouvoir, a plutôt annoncé sa propre candidature pour la présidentielle de février 2024. Aussitôt, de nombreux membres de la coalition au pouvoir crient à la trahison et demandent sa démission ou son licenciement immédiat de la présidence du conseil économique social et environnemental (Cese) où il a été nommé par Macky Sall.

C’est plus qu’un coup de massue reçue par le camp présidentiel à l’annonce le vendredi 14 avril dernier de la candidature de Idrissa Seck à la présidentielle 2024. Au cours d’une conférence de presse assez courue, le leader de Rewmi qui passait encore comme un soutien de poids et un des compagnons sûrs de Macky Sall a réaffirmé sa volonté de diriger le Sénégal.

Cette sortie, qui manque de bonne foi pour certains, a suscité de nombreuses réactions au sein de coalition présidentielle au point d’amener plusieurs de ses membres de s’interroger sur la sincérité de l’union entre Idrissa Seck et le président Macky Sall. Cette déclaration, cependant, qui semble trouver les réponses dans les actes posées ces dernières semaines par le président de Rewmi et ancien deuxième aux présidentielles de 2019.

Déjà, juste après le défilé du 4 Avril dernier célébrant la fête nationale du pays, le président du Cese avait écrit ce qui suit : «Macky vous a donné la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), êtes-vous prêts à m’accompagner pour vous donner la Coupe du monde?». Avant cela, il avait convoqé la presse pour faire une importante déclaration avant d’annuler la rencontre au dernier moment. Depuis lors, tout le monde se demandait ce qu’il avait de si important à dire. Finalement, il a fixé un nouveau rendez-vous aux journalistes dans son fief de Thiès vendredi dernier. Une rencontre au cours de laquelle il a annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2024 tout en disqualifiant l’actuel président de la Répblique pour cette échéance électorale majeure.

En tant qu’allié du dhef de l’État qui l’a nommé à la tête du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), une institution prestigieuse dotée d’un important budget, Idrissa Seck a, pourrait-on dire, a posé un casus belli en abordant un sujet considéré comme tabou dans le camp du pouvoir. Alors que personne, dans la mouvance présidentielle, n’avait jusque-là osé manifester ouvertement son désir d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024 — ce alors que ce ne sont pas les ambitions qui y manquent ! — le président du CESE a pris son courage à deux mains pour se déclarer. ‘’On ne peut pas imaginer une élection présidentielle sans moi, Idrissa Seck, alors que je suis bien portant. Je serai candidat’’. Telle est sa réponse à l’une des questions qui lui ont été posées lors de sa conférence de presse. En fait, c’était surtout là la réponse à la question que tout le monde se posait et pas seulement les journalistes venus nombreux à ce face à face.

Une sortie qui a secoué le CESE

Au lendemain de la déclaration de candidature de l’ancien opposant arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, les réactions se sont multipliées du côté de la mouvance présidentielle. Les unes plus acerbes que les autres. De véritables tirs groupés contre Idrissa Seck qui dit pourtant toujours appartenir à la grande coalition Benno Bokk Yaakar. Parmi ces réactions outrées, celles de membres du CESE, l’institution que dirige Idrissa Seck. Sans tourner autour du pot, ils ont demandé la démission d’Idrissa Seck de la tête du Conseil Économique, Social et Environnemental. L’un d’entre eux, Woula Ndiaye, qui portait leur parole, n’a pas mâché ses mots. Le vice-président du CESE n’a pas raté celui qui est encore son « patron » au sein de cette institution : « Connaissant l’homme, ce n’est vraiment pas une surprise de le voir faire cette sortie politique. Maintenant, nous, membres de Benno Bokk Yaakar et du CESE, demandons, à l’unanimité, sa démission. Sinon, s’il n’a pas la dignité de démissionner, nous demandons au président Macky Sall de le démettre le plus rapidement possible. C’était pour l’aider que ce dernier lui a confié l’institution’’.

M. Ndiaye n’est pas le seul à fustiger l’attitude d’Idrissa Seck. Un autre conseiller a embrayé dans ce registre : « Nous n’avons jamais pensé qu’Idrissa Seck pouvait se permettre de faire une telle sortie. Il l’a calculée, mais, cela a été très malheureux pour lui. Cette sortie n’est qu’une envie d’exister pour lui et de redorer un blason déjà terni. Alors, pour plus de cohérence, nous l’invitons à démissionner de son poste’’, a martelé Sadia Faty. Le rapporteur de la commission Communication Santé et Affaires sociales au CESE a poursuivi en soutenant que le président Macky Sall a nommé Idrissa Seck à la tête de cette institution ‘’pour lui permettre d’exister physiquement et financièrement’’. Ah bon ?

Des dames du CESE sont aussi montées au créneau. À l’instar de leurs collègues hommes, elles ont déversé leur colère sur l’ancien Premier ministre sous le régime d’Abdoulaye Wade. En plus de réclamer la démission de M. Seck, Asta Walo Kane l’a même traité de nullard et de dupeur: ’’Qu’il soit honnête en démissionnant. Il doit arrêter ses jeux de dupe. Il est le plus nul parmi tous ceux qui ont eu à diriger le CESE. On ne le voit jamais, il ne reçoit personne en audience. Il s’en fout de tout le monde. Il dit être candidat à l’élection présidentielle mais il ignore que les Sénégalais ne lui font plus confiance’’ a-t-elle cogné.

Un coup envoyé à la figure du président Sall

De toute évidence, Idrissa Seck a envoyé un direct au président Macky Sall. En effet, ce dernier, qui a toujours entretenu le flou autour d’une possible troisième candidature, n’a jamais voulu que la question soit évoquée dans son camp. Le leader de Rewmi a bravé cette consigne. Une dernière sortie qui n’est qu’une suite logique d’un certain nombre d’actes posés par Idrissa Seck et qui, sûrement, ont déplu au président Macky Sall.

À la veille de la fête du 4 Avril, date de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, Idrissa Seck s’est rendu au domicile d’Ousmane Sonko, le principal et farouche opposant du régime actuel. Ça veut tout dire. À travers cette visite sur laquelle l’ancien maire de Thiès a daigné apporter des éclairages, certains compatriotes voient cela comme un couteau planté sur le dos du président de la République. Ce même si le président du CESE dit l’avoir effectuée en parfait accord avec le président Macky Sall qu’il aurait informé la veille de son initiative. En effet, comme l’a analysé un homme qui a parlé sous le couvert de l’anonymat, ‘’Idrissa Seck a accordé plus de succès à Ousmane Sonko, à travers cette visite’’.

À la lumière des propos de ce citoyen, on peut se demander ce qu’a ressenti le leader de l’Alliance Pour la République (APR) en apprenant cette visite. Du point de vue politique, Ousmane Sonko est l’adversaire à abattre pour le parti au pouvoir. Lequel estime qu’il est hors de question de rendre visite au leader de Pastef pour de quelconques négociations. En expliquant subtilement que ‘’cette rencontre a servi à quelque chose’’, notamment à faire annulait les manifestations que l’opposition projetait pour le 03 avril, le candidat arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2019 laisse beaucoup de gens sur leur faim.

Aussitôt nommé à la tête du CESE en novembre 2020, Idrissa Seck avait remercié le président Macky Sall « pour sa confiance ». Toutefois, au regard de sa sortie de vendredi dernier marquée par sa déclaration de candidature qui s’entend au sein de l’opinion comme une volonté de disqualification de celle du président de la République, ne pourrait-on pas dire que cette confiance a été trahie ?

Source: mibiamafrica & seneplus

Partager Cet Article
Laisser un commentaire