Cameroun-Affaire Dikolo : Le décret d’utilité publique annulé, les réparations attendues.

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La décision survenue le jeudi 25 mai 2023, un an après le déguerpissement des populations de ce quartier, est du Tribunal Administratif de Douala. Dès lors, les victimes attendent que les réparations leur soient faites.

La joie est perspective ce jour dans les visages de quelques déguerpis de Dikolo suite à l’annonce de l’annulation du décret d’expropriation pour utilité publique du domaine qui les servait d’habitation par le Tribunal administratif de Douala.

« C’est une première victoire après une longue bataille », a déclaré Patrick Moudissa Bell, porte-parole des victimes. « L’autre bataille sera l’annulation des titres fonciers obtenus illégalement dans ce lieu par l’Etat qui se sont adossés aux titres fonciers déjà existants », ajoute-t-il.

Même perception de la part de Marlyse Douala Bell, ancienne député Rdpc, très active dans cette bataille auprès des déguerpis. « La joie est immense. Cela veut dire nos voix ont été entendues au plus niveau », déclare-t-elle.

Une expropriation qui est apparue comme l’une des plus grandes injustices et escroquerie foncière  de l’histoire  après celle que les duala ont subi au plateau Joss par des Allemands en 1884.

Patrick Moudissa Bell, porte-parole des victimes et Marlyse Toutè, député Rdpc Wouri, sur les lieux du drame après les casses en 2022.

Plusieurs irrégularités seront observées pendant ce processus d’expropriation. Le titre foncier 750/W, cité dans le décret que le Premier Ministre avait signé et dont ses services lui avait dit, qu’il appartient à l’état du Cameroun se trouve localisé à Deido au lieudit Bonantonè et est enregistré dans les Livres fonciers au nom de Dame Endallé Mounga Mouandjo Madeleine d’une superficie de 242 m2, à 6 kilomètres des lieux de l’expropriation.

Ensuite, la déclaration d’utilité publique (DUP) n°000033/MINDCAF/A10 DU 14 mars 2019 concerne le lieu-dit « Bessaké », l’expropriation en cours concerne le lieudit «Dikolo» qui se trouve à 300 mètres de là. «Besseke» se trouvait sur les lieux de l’ancienne gare de Douala, dans le canton Akwa, derrière le collège Libermann alors que Dikolo est le lieu où vivait la mère du Prince Rudolph Douala Manga Bell et où il a passé sa dernière nuit avant son exécution en août 1914, cet endroit, sacré et chargé de symbole, est situé en face du drain qui longe la voie rapide juste avant les feux de signalisation du carrefour Koumassi et relève du Canton Bell donc de Bali.

L’autre argument donné par les spoliateurs pour obtenir une DUP a été de faire croire aux autorités administratives que cet endroit, jugé marécageux, n’est pas approprié pour abriter des immeubles de trois niveaux. Mais comment un domaine ne pouvant contenir les immeubles de trois niveaux peut-il être sollicité pour la construction d’un hôtel de grande envergure ?

Une succession d’erreurs et d’incohérences qui ont amené le Tribunal administratif à débouter Chi Nouanko et compagnies et à restaurer les déguerpis de Dikolo dans leur droit. Depuis cette annulation de ce décret pour utilisation publique, les voix s’élèvent pour demander réparation. Mais une question demeure, qui va donc réparer ce préjudice causé à ces populations et reconstruire les maisons qui ont été cassées à cet endroit ? Affaire à suivre.

Félix EPEE

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