L’artiste et icône de la musique camerounaise s’est produit en spectacle le mercredi 16 avril dernier à l’IFC de Douala en prélude à son rendez-vous du mois prochain à la mythique salle parisienne en France. Un rodage voire un avant-goût de ce qu’il sera du show réservé au public de l’hexagone.

Inespéré. Inattendu. Voire irréaliste. Le concert gratuit donné par Ben Decca à l’Institut français du Cameroun, antenne de Douala pour ses 40 ans de carrière. Sans surprise, comme on devait s’y attendre, la salle de 250 personnes s’est avérée assez petite pour contenir le millier de personnes présentes (certaines deux heures à l’avance pour un show prévu pour 19 heures) au lieu du spectacle. Embarrassant ainsi les organisateurs.
Car, pour une si grande onction du public à recevoir par l’artiste avant son départ pour le rendez-vous du 04 mai prochain à l’Olympia, il faut éviter de faire des mécontents. Cela risque d’altérer la charge d’énergie positive à lui transmise. Les organisateurs l’ont compris.
Spectacle sur écran pour retardataires.
Pendant que les premiers spectateurs à arriver intègrent la salle, une solution est trouvée pour ceux encore dehors qui n’ont pas pu avoir la place à l’intérieur. Diffuser le spectacle sur écran dans une salle attenante. Ces dispositions techniques à prendre grignotent quelques minutes au showtime. Personne ne veut rater cette belle opportunité offerte par l’institut français de Douala. En plus, ce n’est pas tous les jours que Ben Decca se produit gratuitement.

19h 45, Lemou Balou, jeune artiste en herbe choisi pour mettre l’ambiance avant la tête d’affiche, brise le silence qui se faisait déjà ressentir. Une découverte pour plusieurs personnes qui se voient bercer par quelques aires du temps.
Ben Decca, est introduit après ce passage par Abraham Nana, responsable culturel de l’IFC de Douala. Il surgit sous de salves d’applaudissements via l’intro « sawa ».
Tubes dansants et slows
Le crooner de charme enchaine avec des medleys makossa à travers lequel il délivre une salve de tubes dansants qu’il alterne avec les pots-pourris slows, une de ses spécialités dont lui seul a le secret. Nyonga Mulema, Langwea babo, A tete nyasu, mumi, Se oa nu, Ngouma Ndolo, Muto ka wa, Amour à sens unique,… Plusieurs titres à succès de l’artiste sont ainsi visités. Les années 80 et 90 sont remis dans la lumière du jour. Les danseuses, dans leur chorégraphie imagée sous un visuel lumineux changeant, essaient de leur donner plus de vie. Le public n’est pas assez remuant. L’ambiance n’en est néanmoins pas moins survoltée dans les estrades où on observe une grande réaction à certains titres proposés. La chauffe est progressive.
Les guests
Ben se retire momentanément. Il est suppléé par les deux choristes Kamille et Sarah qui reprennent une de ses chansons « Yetena oa ».
Retour de la légende sur scène. Elle nous fait découvrir « Nyolango », un featuring avec son choriste Kamille Abongo. Ainsi que « Janga la ndolo », une autre collaboration avec Gaëlle Wondjè qu’elle interprète avec la co-autrice pour la circonstance.

Vient ensuite « Aimer + Souffrance d’amour ». Un hymne ultra fédérateur repris en chœur par plusieurs femmes dans la salle. Quel grand moment de communion entre l’artiste et son public! Ben prouve qu’il a encore la recette.
L’auteur de l’ « Amour à sens unique », termine sous des applaudissements avec « Ebelè o boso, hymne de ralliement de la canton Bonabélè à Douala en hommage à son village Deïdo. L’artiste, largement ovationné, sort par la porte arrière de la salle laissant le public debout admiratif.
Points noirs du Show
S’il faut saluer la performance des musiciens qui ont accompagnés l’artiste ainsi que les danseuses, il faut reconnaître beaucoup de choses n’étaient pas au top. Pour une date de rodage comme celle-là avant d’entamer l’Olympia où le public est assez exigent, Ben devrait prendre la mesure du rendez-vous et non se comporter comme en terrain conquis où certaines erreurs peuvent être permises.
La scénographie devrait être pensée pour que tout le monde s’implique. Musiciens, choristes y compris l’artiste lui-même. Ce qui n’a pas été le cas.
Par ailleurs, un concert interactif est toujours nécessaire. C’est un bon moyen de rendre l’expérience du public plus agréable et le moment inoubliable. Ce, à travers de petites anecdotes liées à l’écriture, la composition des chansons, en studio pendant la réalisation des albums ou celles en rapport aux multiples voyages à l’occasion des spectacles. Cela permet de maintenir la chaleur entre public et l’artiste. Nous en étions très éloignés.
Si nous avons pu apprécier quelques moments du spectacle pendant lesquels l’artiste a appelé le public à prendre part au concert en invitant plusieurs personnes à chanter, il faut reconnaître que cette phase a été assez timide. Pour gagner en cran, Ben devrait s’y mettre davantage pour les rendez-vous avenirs. Pourquoi n’avoir t-il pas invité par exemple une personne sur scène triée sur le volet qui s’est faite remarquer pendant le spectacle par sa facilité à interpréter ses chansons? Les exemples n’en manquaient pourtant pas. L’artiste devrait en même temps éviter de tourner tout le temps le dos au public. Il devrait pouvoir se mettre dans une posture de domination de la scène.
Ce concert du 16 avril 2025 qui augurait une nouvelle date, a été, d’autre part,chiche en information concrète. Aucune communication sur le spectacle avenir du 04 mai 2025 à l’Olympia qui s’annonce pourtant comme un point culminant du CV de l’artiste. A chaque spectacle, ceux qui ont la responsabilité de gérer la carrière de l’artiste devraient pouvoir communiquer sur ses dates en vue. Mettre l’accent sur la plus attendue. Question de fixer les potentiels spectateurs.
Ces quelques erreurs recensées au cours de ce spectacle donné par Ben Decca à l’IFC à Douala devraient être évitées absolument pour une meilleure représentation de la musique camerounaise à l’Olympia. On sait que Ben est la légende de la musique camerounaise la plus actuelle de l’heure, capable de se transformer et s’adapter à l’évolution du temps. Il faudra tout juste que tous ceux qui ont la charge de l’organisation de ce spectacle le mette dans le moule et l’aide à y parvenir.
Félix EPEE.
