Cameroun/Ville de Douala : Qu’est devenu le projet Douala Clean City ?

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Deux ans après le lancement de ce programme d’assainissement qui associe les femmes à la lutte contre l’insalubrité, les populations de la capitale économique s’interrogent sur son apport réel dans la propreté de la ville.

Douala Clean City fait l’objet d’évaluation et de critiques auprès des populations de la ville Douala. Dans les quartiers où ce programme d’assainissement a été implémenté, les habitants se posent des questions sur son devenir et son réel impact sur la vie des populations. Car, l’engouement qu’il a suscité au début n’est plus le même à ce jour.

Les femmes, recrutées  pour balayer certaines avenues de Douala chaque matin dans le cadre de ce projet, sont de moins en moins visibles sur nos rues. Du coup, nos artères habituées à recevoir une toilette régulière sont retombées dans la saleté. Poussière, détritus, papiers et plastiques jetés par les usagers ou emportés par le vent des mini-décharges des quartiers, ont refait surface sur les chaussées.

Les vieilles habitudes ayant la peau dure, la ville de Douala est replongée dans l’insalubrité totale.

Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du Littoral, Roger Mbassa Ndinè, Maire de la ville de Douala, en compagnie de leurs collaborateurs respectifs font un état des lieux de ce programme à son lancement.

Hysacam, l’entreprise en charge du ramassage des ordures ne collectant que 1200 tonnes sur 2600 tonnes produites quotidiennement. Le reste se retrouve éparpillé dans la nature, canalisations et cours d’eau.

D’où l’indignation du premier ministre Joseph Dion Ngunté lors de la dernière rencontre interministérielle qui n’a pas manqué d’interpeller le 1er magistrat municipal de la ville de Douala à instruire plan d’urgence pour changer radicalement la physionomie de cette métropole.

Pourtant, ce coup de pousse des femmes, bien que minime, permettait tout de même à certaines de nos artères d’afficher fière allure.

« C’était un plaisir de voir ces mamans tôt le matin avec leurs chasubles oranges, balaies en mains, nettoyer nos rues. Une chose formidable qui nous poussait quelques fois à leur offrir naturellement des bouteilles d’eau pour qu’elles se rafraichissent et pour  les encourager dans leurs tâche. Mais depuis un temps, on ne les voit plus », s’indigne Boniface,  un taximan en service sur le tronçon Bonamoussadi-Km 14 dans le 5ème arrondissement de Douala.

Ces actions assez limitées ne pouvaient  que connaître un essoufflement avec le temps au regard de leur caractère artisanal et l’immensité de la tâche dans une ville aussi vaste que Douala.

La Communauté urbaine qui a fini par se rendre compte de ce fiasco, a lancé un avis d’appel d’offre  international pour la collecte et le transport des ordures ménagères, le balayage et le nettoyage de certaines rues, places publiques et marchés de la ville de Douala.

Cette mesure suscite tout de même des interrogations. Qu’en sera-t-il du contrat avec Hysacam, l’entreprise liée à la Communauté urbaine depuis des lustres? Un contrat alimenté régulièrement de tensions entre les deux parties à cause des factures impayées par la Communauté urbaine souvent suivies d’un refus d’ Hygiène et Salubrité du Cameroun d’honorer à ses engagements sans le versement attendu de son oseille.  

Un désaccord à l’origine parfois des montagnes d’ordures disséminées très souvent, dans toute cette grande métropole, de surcroît, une des vitrines et porte d’entrée du Cameroun.

Mais, serait-il, comme le suspectent quelques personnes averties, une manœuvre de la part de la Communauté urbaine pour mettre la pression sur son partenaire en lui faisant ventiler la possibilité d’une concurrence avenir pour le faire plier? Les menaces qui ne semblent plus ébranler l’entreprise Hysacam qui a eu plusieurs fois à arrêter le travail pour non payement de ses factures.

Ensuite que fera-t-on de ces nombreuses femmes recrutées dans le cadre de Douala Clean City si ce projet venait à prendre fin ?

Selon une de nos sources, cet avis d’appel d’offres viserait à couper la poire en deux. Certaines femmes se seraient d’ailleurs proposées dès l’annonce de celui-ci à reprendre l’affaire. Il est fort probable qu’une partie du marché du ramassage des ordures  et de balayage des rues leur soit attribuée notamment à l’entreprise qu’elles auraient nouvellement constituée ou du moins en gestation. Mais une question reste en suspens. Les factures seront-elles cette fois-ci payées à temps pour que la ville de Douala ne croule plus sous le poids des immondices comme elle nous a déjà habituées ?

C’est l’occasion ou jamais pour les autorités municipales de la ville de Douala de se saisir  du plan d’urgence d’assainissement spécial instruit par le premier ministre Dion Ngunte  pour redonner une image plus rayonnante à cette cité qui a tendance à perdre de jour en jour de sa superbe.  Seulement, sauront-ils le faire au regard des plaintes successifs des populations qui n’ont vu rien changer pendant les années ? Une possibilité.

Si la masse venant du haut les met aux pas et que les fonds leur soient alloués spécialement en cette année électorale pour relancer de nombreux chantiers à l’arrêt et couvrir momentanément les insuffisances de la Communauté urbaine de Douala afin d’apaiser la colère des populations de cette ville, désabusée, qui ne savait plus à quel saint se vouer.

Félix Epée.

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