Confédération Africaine de Football: Me Augustin Senghor dénonce la main mise du Maroc.

Félix Epée
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Invité sur 2STV, une chaine locale de son pays, le président de la Fédération sénégalaise de football  s’est mis à table. Il a contesté l’influence négative du Royaume chérifien sur la gestion de la Confédération africaine de football, le complot de certains pays arabophones du continent et l’absence de l’égalité et de l’équilibre prônés et recherchés par le passé pour la cohésion et l’harmonie lors des choix des dirigeants de cette institution.

 Trahi et humilié lors de la dernière assemblée générale élective du Caire où il briguai un siège au conseil de la Fifa sur insistance de plusieurs responsables, il n’a toujours pas digéré l’affront subi avec 15 voix.   L’ex vice-président de la CAF qui a démissionné de son poste dans la foulée dès l’annonce des résultats du vote, a décidé de prendre « le maquis », contre l’establishment de la Confédération, et pour dénoncer l’influence du Maroc et le « pacte de Nouakchott ».

Invité sur la chaîne 2STV, Senghor n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour désigner le clan qui lui a barré la route, qu’il désigna de l’axe Égypte–Maroc–Mauritanie, à travers un positionnement politique : « A ce niveau-là, il y a une certaine catégorie de dirigeants africains, ceux du monde arabe, il faut dire les choses telles qu’elles sont. Quand on parle du Maroc, du président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), je dirai que ce n’est pas le dirigeant qui est fort, mais le Maroc a su imposer une position incontournable à la Confédération africaine de football », expliquera-t-il.

Il n’a pas hésité à demander des comptes au président de la CAF Patrice Motsepe : « J’ai échangé par message avec Patrice Motsepe. Je lui ai demandé en regardant ceux qui étaient élus au sein du Comex de la CAF, si c’était l’égalité et l’équilibre prônés et recherchés par nos ancêtres, c’est-à-dire les premiers présidents, les chefs d’Etat, jusqu’à Mandela ». Dans son analyse sans ambages de la situation actetuelle , Senghor a affirmé que : « La CAF a jeté toutes les fédérations africaines dans les bras du Maroc. Accepter ça, cela ne veut pas dire se soumettre à ça. Il est hors de question que moi je le fasse en tout cas. Ce n’est pas une question d’opportunisme. Cette soumission, ça serait pour entrer à la FIFA ou présider la CAF. »

Le dirigeant sénégalais dit tout haut ce que tout le monde sait et pense tout bas, sur ce déséquilibre qui est en train de s’installer entre les différentes zones qui constituent le football continental et sur le désormais esprit d’allégeance qui s’est installé progressivement ces dernières années. Pour l’avocat sénégalais, il
est inadmissible que la CAF permette au Maroc de disputer ses matchs de qualification à la CAN ou à la Coupe du Monde en aller et retour sur son territoire, ce qui est contraire à l’éthique et au fair- play, sous prétexte que ses adversaires n’ont pas de stades homologués alors que d’autres pays peuvent abriter ses rencontres.

Senghor n’y va pas loin en prenant comme exemple le dernier match du Niger qui a accueilli le Maroc au … Maroc ! « Quand on voit le Niger qui accueille le Maroc au Maroc, oui, ça me pose problème. Le fait de prendre en charge l’équipe adverse pose un problème d’éthique. Il faut qu’on réfléchisse à comment régler ça». Un avis que partagent de nombreux dirigeants et une bonne partie de l’opinion africaine, estimant que la CAF a fini par admettre un système verrouillé dominé par un courant représenté par une composante géographique et linguistique qu’est celle du monde arabe sur d’autres représentations.

Par cette sortie médiatique pour le moins virulente, le président de la fédération sénégalaise interpelle les acteurs du football continental, mais également les politiques et les États sur la nécessité de sortir de l’hégémonie des intérêts occidentaux. Il y a également parmi les Africains, ceux qui veulent imposer une mainmise au détriment de la souveraineté, de la démocratie et des équilibres, y compris dans le sport le plus populaire du continent.

Source: www.footafrique.com. Le titre et le chapeau sont de la rédaction.

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