Douala Clean City : Une autre duperie de Roger Mbassa Ndinè.

Administrateur

De la vraie dérobade. Pouvons-nous qualifier cette autre campagne qui vient d’être lancée dans la ville de Douala. Dénommé « Douala Clean City », ce nouveau concept créé par Roger Mbassa Ndinè, Maire de la ville de Douala, consiste à mettre de l’ordre dans la ville, tout en veillant sur sa salubrité.

Une ritournelle de la part des autorités municipales de cette cité qui passe pour un disque rayé ou du déjà entendu auprès de ses habitants pour n’avoir jamais produit les résultats escomptés. La pilule va donc être difficile cette fois ci à avaler.

En effet, à son arrivée à la tête de l’exécutif communal de ville de Douala, Roger Mbassa Ndinè a inauguré son mandant avec la lutte contre le désordre   urbain à laquelle il avait associé comme premier acte, la restitution de l’éclairage publique. S’en est suivie l’opération « Libérez les trottoirs ». Les populations étaient pleines d’espoir. Le maire de la ville s’est donné pour défi, à travers ces opérations de restituer à cette cité son auréole d’antan et de faire d’elle, une des plus belles et propres villes d’Afrique. Tout semblait faire croire aux populations que Douala a eu enfin un maire de la situation avec un souci de l’amener vers la modernité. Leurre !

Quatre ans après, le désordre urbain est plus présent que jamais à Douala. Il s’invente même en se donnant d’autres moyens de survie. L’obscurité a refait surface dans plusieurs tronçons routiers, les trottoirs sont plus que jamais occupés par les commerçants, garagistes et autres. Ils y sont installés confortablement sans que la peur d’un quelconque déguerpissement ne leur fasse frémir. Et l’insalubrité, n’en parlons plus. Les immondices jonchent nos rues, le goudron envahi par la poussière dans certains quartiers au point de transformer les rues en piste et autres détritus qui trainent par le sol, témoignent de la souffrance dans laquelle se trouvent les populations de Douala. Bref, Douala est sale.

Pourtant, plus d’un milliard de nos francs sort des caisses de la Communauté urbaine de cette ville chaque année pour soutenir ces opérations. Respectivement, 750 millions FCFA pour ce qui en est du désordre urbain et près de 350 millions FCFA pour l’opération « Libérez les trottoirs ». Environ 4,4 milliards de francs au total absorbés en quatre ans.

Une somme colossale que beaucoup d’habitants de cette ville pourraient, au regard des échecs cumulés, s’interroger sur sa véritable destination. Dieu merci, nous ne sommes pas des justiciers.

Et comme si cela ne suffisait pas et pendant que les populations attendent que l’on leur fasse le bilan des précédentes campagnes, voilà un autre concept « Douala Clean City », qui voit le jour. Un nouvel habillage pour le même contenu auquel on a juste associé le « jeudi propre ». Cette journée dite de propreté qui a fait son succès dans les zones rurales mais inadaptée aux grandes agglomérations mais curieusement maintenue par les autorités municipales de la ville de Douala. « Nous l’avons trouvée », répond à qui veut l’entendre Roger Mbassa Ndinè. Doit-on laisser une mesure qui freine les activités pendant des heures sans aucun impact positif sur les populations pour le simple fait de l’avoir trouvée ?

Ce nouveau « vieux » concept va engorger à son tour, d’après les déclarations du 1er magistrat municipal de la ville de Douala, un milliard de nos francs par an. Sans aucune garantie à apporter, comme pour les deux premiers, quelque chose de nouveau dans le quotidien des populations.

Le désordre urbain est synonyme à l’incivilité, au manque de qualité urbaine, à la lisibilité de l’espace ou du paysage urbain. Donc à travers le désordre urbain, on lit l’incohérence et l’anarchie.

La ville de Douala est donc victime d’anarchie. Une anarchie créée par les mauvais comportements individuels ou collectifs qui l’affectent dans sa globalité, de surcroît, est entretenue quelques fois par ceux qui en ont la charge et l’ont laissé échapper à leur contrôle.

Le désordre à combattre dans cette ville tient donc à la propagation métastatique des réalisations hideuses qui rompent l’harmonie d’un ensemble naturellement agréable.

En 2021, pour montrer sa détermination dans sa lutte, le maire de la ville avait signé un arrêté instituant des amendes à l’endroit tous ceux qui entraveraient la loi malheureusement sans aucune implémentation sur le terrain. De l’enfumage.

Injecter de nouveau le milliard sans aucune fermeté et des mesures dissuasives pour restituer l’ordre et rétablir l’harmonie dans une ville comme Douala, suffirait-il pour obtenir les résultats escomptés ? Pas si sûr.  Les cas précédents nous l’ont démontré.

Une ville n’existe que si elle se conçoit comme une œuvre d’art.  Douala est loin d’en être une. Rien d’attractif à mettre sous la dent pour les visiteurs, encore moins pour ses propres habitants qui stressent à longueur de journée à cause du manque d’arriération, de fluidité, surtout de l’intégration d’une variété d’ambiances et d’usages susceptibles de leur apporter plus d’épanouissement et de bien-être.

Dans toutes les grandes villes du monde, le désordre urbain ne s’est estompé sans répression, ni amandes pour mettre les populations au pas. A Douala, on assiste malheureusement à un laxisme accentué, aux décisions à tête chercheuse et à géométrie variable de la part de nos décideurs où des cas les plus flagrants sont laissés pour s’occuper de ceux moins préoccupants. De quoi cristalliser les tensions entre les autorités municipales et leurs administrés.

Douala Clean City, l’opération lancée en grande pompe pour laquelle on a embarqué la majorité des autorités administratives et traditionnelles de la ville s’apparente ainsi à un grand bluff voire à une autre duperie comme l’ont été les deux premières campagnes citées plus haut qui se sont limitées aux effets d’annonce et à quelques actions d’éclats, sans plus.

A moins que, cette fois ci, Roger Mbassa Ndinè et son équipe n’aient décidé de faire autrement et d’aller au bout de leurs actions afin de réaliser en un an de la fin de leur mandature ce qui n’ont pas pu faire en quatre ans. Utopiste n’est-ce pas ?

Félix EPEE

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