La Françafrique : Ce n’est pas Bourgi, ni le transport occulte de fonds.

Administrateur

Réseaux d’influence et de lobbies d’acteurs français et africains, intervenant dans les domaines économique, politique et militaire pour détourner à leur profit les richesses liées aux matières premières, l’aide publique au développement  et continuer à opprimer les pays d’Afrique francophone après leur accès à l’indépendance, ne se limitent pas qu’au transport de mallettes par un individu comme on veut nous faire croire mais représentent tout un système mafieux. Voyage au cœur de cette organisation à une familiarité domestique louchant vers la privauté.

Robert Bourgi a les capacités physiques, intellectuelle, et la ruse, pour travailler pour les présidents Français et africains. Il sait être ami de deux ennemis sans que cela gêne l’un ou l’autre. Si non pas assez pour détruire sa relation avec l’une des parties. Un équilibrisme qui lui permet de monnayer sa capacité de réconciliateur et de conseiller. Etre controversé mais ‘indispensable’ dans le cercle du pouvoir, ses sorties toujours amplifiées médiatiquement, ont un timing défini, un but recherché, et un objectif à atteindre. Il est donc inutile d’ajouter un frémissement à la tempête suscitée par ses révélations accompagnant la parution le 25 septembre 2024 de ses mémoires, Ils savent que je sais tout: Ma vie en françafrique,’ aux ‘Editions Max Milo’.  L’essentiel est ailleurs. La cellule africaine de l’Elysée ou la Françafrique, ce n’est pas que le transport occulte de fonds.

A côté de son sujet

Lorsque en 1980 ce ‘convoyeur de mallette’ (qui a longtemps œuvré dans l’ombre sous les présidences de François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy) publie Le Général De Gaulle et l’Afrique noire (1940-1969),’ co-editee par ‘Nouvelles Editions Africaines,’ et ‘Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence,’ la critique est académique, le vacarme absent. Maurice Poncelet (Faculté d’Administration, Université d’Ottawa), élabore une note de lecture de cet ouvrage. Sur la forme et le fond, il note que cet ‘ouvrage bien, peut-être trop, documenté, sérieux, ayant certainement demandé beaucoup de travail, de recherches et de temps…passe essentiellement à côté de son sujet.’ Il fait savoir que cet essai est ‘partial et incomplet’  au plan de l’équilibre scientifique. Mais plus grave, il observe que ‘la passion gaulliste de M. Bourgi’ sur les questions idéologique et théorique, ‘lui fait commettre deux erreurs de jugement: l’une sur l’influence du RPF (Rassemblement du Peuple français), l’autre sur la pensée gaullienne.’ Alors que ‘Le RPF n’a eu qu’une action temporaire et limitée.’

Le sérieux de cet essai est miné par une série d’incohérences historique et chronologique, la confusion sur l’identité de certain acteurs, et la pauvreté de la base documentaire. ‘La presque totalité de la documentation de M. Bourgi vient des ouvrages de De Gaulle, des souvenirs des «compagnons,» des archives du RPF; donc uniquement des sources gaullistes.’ Ecrit Maurice Poncelet qui participa au ralliement en 1942, et fut accueilli avec des rafales de mitrailleuse à Port Lyautey.

Gbagbo promeut Bourgi

La promotion en Afrique de l’Ouest de ce livre (de 523 pages) se fait à l’émission littéraire ‘Kuma,’ de la télévision ivoirienne, financée par les ‘Nouvelles Editions Africaines.’ Ce programme animé par Ali Kéita a pour la circonstance un seul invité—Laurent Gbagbo. Contacté par Isaïe Biton Koulibaly (Enseignant à l’Université d’Abidjan, à l’époque, et administrateur à la Nouvelles Editions Africaines) pour disséquer cet ouvrage.

Bourgi tacle Péan

 Si cet ouvrage de cette ‘éminence grise de la Françafrique’ ne l’a pas fait bavarder, ‘La République des mallettes: Enquête sur la principauté française de non-droit,’ de Pierre Péan (5 Mars 1938–25 Juillet 2019—81ans—), sortie le 14 septembre 2011 va déstresser sa langue. Il n’est pas content essentiellement sur un point. Un chapitre élaboré à partir des fins secrets qu’il a mis à la disposition de l’auteur, ne met pas suffisamment l’accent sur son ‘désaccord’ avec de Villepin. Différend né de ‘l’argent de Bongo et Sassou qui sentirait du soufre,’ selon Villepin, alors ministre des Affaires étrangères. Cette affaire-là ne fait que deux lignes et donc je pense que Robert Bourgi n’est pas très content que «ça fasse aussi peu».’ Reconnaît Péan à ‘RFI.’

Robert BOURGI, l’homme qui dit savoir tout, a du mal à voir clair en l’avenir de la Françafrique.

Pour se venger peut-être ou venger Bongo, et aussi tirer les bénéfices médiatiques de cet essai, ce fouineur, stratège et même égoïste, va se confier à Laurent Valdiguié du ‘JDD.’Résultat,‘c’est l’emballement médiatique.’ Explique Péanà ‘RFI’ le 22 septembre 2011. Avant de poursuivre. ‘On le voit partout et on ne parle plus du tout de mon livre.’ précise-t-il. Puis, il a ses mots de regret. ‘Mon livre est totalement évacué, on ne le cite même plus.’

Cadeau empoisonné

L’essai intitulé ‘Pour la vérité et la justice,’ paru le 26 juin 2014, et co-signé par Laurent Gbagbo et François Mattei, (journaliste français d’investigation et ancien Directeur de la rédaction de France Soir, décédé à 72 ans, le 19 avril 2020, des suites d’une longue maladie), donne encore l’occasion à Bourgi d’envahir la galaxie médiatique—une de ses passions. Un extrait de cet ouvrage renseigne que l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, et Robert Bourgi, lui ont demandé de ‘contribuer financièrement’ à la campagne de Jacques Chirac (candidat à sa propre succession) à la présidentielle française de 2002.

‘C’était en 2001, je pense. Villepin et Robert Bourgi m’ont demandé́ de cracher au bassinet pour l’élection en 2002 en France.’ Ce que confirme Robert Bourgi. Dominique de Villepin, assisté de moi, a dit à Laurent: «Voilà, nous allons vers une campagne électorale, il est de tradition que les chefs d’Etat africains aident les partis politiques français. Là nous sommes au pouvoir. Est-ce qu’éventuellement tu pourrais nous aider?». Et Laurent Gbagbo de lui répondre spontanément: «Il n’y a pas de problème. Le moment venu tu me le fais savoir et j’enverrai un émissaire».’  

Gbagbo est en prison lorsque ce conseiller de Chirac et Sarkozy ouvre la vanne de ses déclarations. Un vif sentiment de curiosité saisit l’opinion et la presse. Ce qui intrigue, c’est que Gbagbo est de gauche et un brin propre que les autres. Analyse, opinion, chronique, édito, sur les médias endoctrinés, corrompus, achetés, financés, l’accablent. Même Alassane Ouattara se dit surpris. ‘Gbagbo le corrupteur’ comme ‘la mort de Paul Biya’ au Cameroun, devient le ‘programme politique’ et un argument juridique pour ses détracteurs sans base idéologique ni consistance politique. Tous conjuguent leurs efforts et stratégies de communication pour convaincre de le maintenir encore plus dans les serres de la prison coloniale de Scheveningen. 

Pression de la françafrique

Ce cadeau de Gbagbo dérange. Il empoisonne les arrangements du système. Pour canaliser la tempête, l’homme de mission des affaires louches de l’Elysée réagit. ‘Ni Villepin ni Robert Bourgi n’avaient mis de pistolet sur la tempe de Laurent Gbagbo.’ Mais il se garde d’évoquer les pressions subtiles, néanmoins violentes que les autorités françaises ont fait subir à Gbagbo. Dans la panoplie des ingérences politiques françaises par les intimidations, il y a les ‘Accords de Marcoussis.’ Villepin qui ‘n’aime que lui-même,’ selon le fluctuant Bourgi,  menaça le président Gbagbo d’un—‘je vais te tordre le bras. Je vais te tordre! Il faut signer!.’ Ceci pour lui extorquer sa signature, afin de donner une certaine crédibilité à ces accords tronqués qui l’obligeaient d’une part, à composer un gouvernement de transition. Et de l’autre, à lui céder une partie de ses prérogatives.

Les promesses non-honorées par la France dans la résolution de la crise ivoirienne sont occultées par Bourgi. Silence aussi sur la tentative du coup d’Etat de la Mercedes noire, dont Gbagbo avait une idée des ‘protagonistes qui s’étaient réfugiés au Burkina et capables de faire une tentative à tout moment’ s’ils avaient le soutien des ‘intérêts puissants.’ Les despotes français qui ont fait leurs nids à Elysée, à Matignon, au Quai d’Orsay, sont muets sur le plus long putsch jamais opéré en Afrique. Et qui s’est passé en Côte d’Ivoire à partir de 2002, jusqu’à la crise postélectorale consécutive à la présidentielle de 2010, émaillée de fraudes et d’exactions sur les électeurs du président Gbagbo. Les mercenaires français, onusiens, et ouest-africains recrutés par la France pour tuer, violer, et détruire, ne comptent pas dans les révélations du Franc-tireur, Bourgi. Tous ces faits et d’autres, constituent les moyens ou les conséquences des pressions du gang de braqueurs élyséens sur Gbagbo.

Plan Sarkozy

Néanmoins pour laver sa conscience qui restera à jamais sale, le ‘convoyeur des mallettes,’ bon ‘psychologue du pouvoir,’ revient sur ces élections en 2024. Il martèle. ‘Laurent Gbagbo avait gagné les élections. Nous (la France) savons qu’il les avait gagnées (Cela était connu de tous à Elysée).’ Comme pour chasser le doute de toutes les consciences, il précise,Laurent Gbagbo avait gagné les élections, pas Alassane Ouattara.

Mais Sarkozy (condamné le 17 mai 2023 dans l’affaire des écoutes à trois ans de prison dont deux avec sursis, et un an ferme aménagé par le port d’un bracelet électronique, une première pour un ancien chef d’Etat Français), avait un autre plan. Installer son  copain Ouattara au pouvoir. Pour atteindre ce but, il brandit d’abord la menace de faire tomber Gbagbo par la force. A Bourgi, il se confie. ‘Robert, tu as vu j’ai un mandat de l’ONU. Les grandes puissances sont décidées à faire respecter le verdict des urnes. Est-ce que tu pourrais une dernière fois obtenir de Gbagbo qu’il accepte le verdict des urnes? Je m’engage au nom de l’Union européenne et des Etats Unis à ce qu’aucun mal ne lui soit fait. S’il accepte le verdict des urnes, il aura le statut d’ancien chef d’Etat, comme le président Bédié. Il pourra aller où il le désire dans le monde.’ Fait savoir l’‘insaisissable’ Bourgi.

Le Général de Gaulle, père de la françafrique, à côté de Léon Mba, le tout premier président Gabonais, Houphouët Boigny, l’ivoirien et d’autres présidents africains au début des indépendances.

Ensuite, Il le missionne auprès de Gbagbo. ‘Il va falloir que tu appelles ton ami Gbagbo et que tu lui dises d’accepter de partir. Il aura un statut d’ancien chef d’Etat, 30 millions FCFA, voiture, escorte et s’il veut comme il est professeur d’histoire, on lui trouvera une chaire et il pourra se déplacer à travers les monde.’ Raconte Robert Bourgi en ajoutant que Gbagbo avait décliné cette offre. ‘Il m’a dit tu diras à ton ami Sarkozy que je serai son Mugabe.’  Retourné chez Sarkozy pour lui rendre compte, ce dernier ‘a bondi de son fauteuil et a dit: «Puisque c’est ça, je vais le vitrifier». Conclut Me Bourgi.

Double note

Le cadeau de Gbagbo aux pillards de l’Elysée était motivé par plusieurs faits. Selon un article de Abdoulaye Willard Sanogo publié dans ‘Notre Voie’ du 14 septembre 2011, ‘Laurent Dona Fologo aurait demandé au président de ‘cracher au bassinet.’ Pour mieux convaincre le président de la République, Fologo aurait alors avancé les arguments selon lesquels, c’est une tradition ‘françafricaine’ de financer les hommes politiques français avec l’argent des contribuables africains, même si, en France, on qualifie les pays africains de pauvres. En plus, un tel ‘cadeau’ attendrirait et désarmerait le cœur de Jacques Chirac qui au départ ne voulait pas reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo face au général Robert Gueï en octobre 2000.’ Il s’agissait pour Fologo, de négocier la paix avec les Français, pour avoir la latitude de déployer le plan de développement de la Côte d’Ivoire.

Par rapport à ce cadeau qui entre dans les circuits financiers informels de l’Elysée, Gbagbo met une double note au bas de page. En d’autres termes, il apporte deux précisions. Sur le plan moral et éthique, il écrit, on me l’a reproché en disant que ‘c’était la preuve de mon double langage, que je m’appuyais sur le néo-colonialisme pour le critiquer.’ Ceci dit, il se confesse. ‘Je ne suis pas fier de cet épisode, mais je pensais y gagner la marge de manœuvre nécessaire pour avancer vers nos objectifs.’  Sur le plan  sécuritaire, il fait savoir que ‘c’était le prix pour avoir la paix, en Françafrique.’ Un ‘non’ aux ‘autorités françaises lorsque ceux-ci sont militairement les patrons sur le terrain’ est suicidaire. Poursuivant, il écrit. ‘Quand il y a un tel déséquilibre entre le puissant et le faible, quelle marge de manœuvre reste-t-il au faible? C’est ce sur quoi compte les tenants de la Françafrique.’

Gauche-droite, gang élyséen

La marre des prédateurs de l’Elysée ont le même gène. Le même ADN. La gestion des affaires africaines des socialistes ne diffère pas de celle de la droite. L’alternance gauche-droite, qui se succède ou alterne au pouvoir ne change rien dans le contexte général de l’Afrique. Aucun projet d’ensemble ou global de la politique étrangère de la France en Afrique.

Un seul point rassemble la gauche et la droite autour d’une même table—le racket de l’Afrique. Pour ce but, une kyrielle de personnes forme les gangs de l’Elysée qui va de Charles de Gaulle (1959-1969), Georges Pompidou (1969-1974), Valery Giscard d’Estaing (1974-1981), en passant par François Mitterrand (1981-1995), Jacques Chirac (1995-2007) qui aimait excessivement l’argent’ selon Robert Bourgi, à Nicolas Sarkozy (2007-2012), François Hollande (2012-2017), jusqu’à Emmanuel Macron (2017-2024).

Cette camarilla d’intimidation des chefs d’Etat africains, de pillage des caisses publiques et de broyage de l’économie du continent, pourrait remonter, en ce qui concerne les fonds occultes transportés dans des valises, à la présidentielle de juin 1969, remportée par le Georges Pompidou (gaulliste). Puis à l’occasion des législatives de mars 1973. Selon Foccart, si l’on s’en tient à ses notes, ‘Tous les soirs avec de Gaulle,’’ co-édité par ‘Jeune Afrique’ et ‘Fayard’ en 1997, Houphouët Boigny aurait ‘fait parvenir une assez forte somme pour aider la campagne’ du parti gaulliste. ‘Ce n’est pas la première fois qu’Houphouët agit ainsi.’ Avait-il Soufflé à l’oreille de Pompidou.

De Jacques Foccart à Franck Paris, tous les seigneurs de la ‘cellule africaine’ et ses embranchements (DGSE), ont contribué à la déstructuration et la désarticulation des systèmes économiques africains en construction, à travers le trafic obscur des valises d’argent, et les coups d’état. Si ‘l’argent de Omar Bongo a payé le loyer [du Club 89, un cercle de réflexion français, fondé le 9 septembre 1981 par Michel Aurillac, Nicole Catala, et Alain Juppé] pendant des années, entre 1981 et 1992. Les espèces du président gabonais ont fait vivre les permanents [du Club 89] pendant des années…,’ dit Bourgi.

Effets d’annonce inutiles et pérennisation de la françafrique

De gauche ou de droite, tous annoncent la fin de la françafriçue. Mais les réflexes coloniaux ont la vie dure. Valéry Giscard d’Estaing, décédé à l’âge de 94 ans, avait pris ses fonctions en 1974 en promettant de donner un nouvel élan à la politique africaine de la France. Il faudra donner une nouvelle impulsion à la coopération entre la France et les Etats francophones d’Afrique,’ avait affirmé le candidat Giscard pendant la campagne pour la présidentielle de 1974.‘Il avait pris conscience’fait savoir Antoine Glaser, ‘du besoin de donner un nouvel élan à la coopération franco-africaine et de changer son format traditionnel fait d’ingérences et de défenses d’intérêts politiques et économiques tricolores dans lequel elle avait été enfermée depuis les indépendances’ La victoire de Giscard d’Estaing balaie le secrétariat général des Affaires africaines et malgaches. Nettoyage qui provoque le départ de Foccart de l’Elysée. Il est remplacé par René Journiac, son ancien bras droit.

EMMANUEL MACRON ICI EN COMPANGIE DES JEUNES ENTREPRENEURS BINATIONAUX.

Les sommets France-Afrique sont utilisés par Giscard pour déployer son plan. Eclairer sur ses ‘convictions anti-impérialistes’ qui voulaient que le continent soit ‘laissé aux Africains.’ Sa vision d’une ‘nouvelle alliance’ entre l’Afrique et la France, visait la ‘réciprocité des intérêts’ plutôt que les ‘rapports de dépendance.’

Malheureusement, ses ‘grandes ambitions’ seront coincées dans le moule des valeurs coloniales. La politique de la canonnière va être ressuscitée pour préserver les intérêts français en Afrique. Sa soldatesque intervient six fois au cours de son unique mandat (1977-1981) dans plusieurs pays africains—Zaïre (avril 1977 et mai-juin 1978), Mauritanie (novembre 1977 et juin 1978), Tchad (début 1978 et mai 1980). Son intervention (septembre 1979) via l’‘opération barracuda’ dans l’Empire Centrafricaine est scandaleuse. Il renverse l’Empereur Jean-Bédel Bokassa Ier (1921-1996). La mission de ce putsch ne consiste pas à sauver l’Empire de la ‘dictature(?).’ Il est au contraire nécessaire pour briser le rapprochement engagé par Bokassa, entre la Centrafrique et la Libye. Outre les guerres et coups état, les services français sont engagés dans plusieurs tentatives de déstabilisation des pays africains (comme Angola, Dahomey (Benin actuel), Comores…).

Le colonialiste François Mitterrand ne fera pas mieux pour libérer l’Afrique. Arrivé au pouvoir en 1991, les analystes penchent pour la fin des pratiques gaullistes qui consiste uniquement à préserver les intérêts de la France. Mais ce despote le ton autrement. Il célèbre l’ère de la dynastie—nomme son fils Jean-Christophe Mitterrand conseiller aux affaires africaines. Le réformiste-rocardien Jean-Pierre Cot occupe en 1981 le ministère de la Coopération. Son ambition, démanteler la françafrique. Mitterrand flaire le danger. Il est remplacé par Christian Nucci en 1982.  Ce dernier, Guy Penne désormais à l’Elysée, et Christophe Mitterrand, forment avec Mitterrand le quatuor de la pérennisation du système foccardien. Ceci en rupture avec l’idéal du peuple africain profond.

L’agité Nicolas Sarkozy n’est pas en reste. Il vend son image avec le concept de ‘président de la rupture’ en matière de politique africaine. Puis, s’enfonce dans le suprématisme colonial avec son discours insultant et inadmissible de Dakar. Ensuite, il adopte la ligne conservatrice de ses prédécesseurs. Sans pudeur. Sans retenu. Violent dans les mots et les actes, il déverse sur la Côte d’Ivoire de l’insoumis Gbagbo, et la Libye du panafricain Mouammar Kadhafi, plusieurs tonnes de bombes. Ses soldats brutaux et indisciplinés kidnappent Gbagbo et la Première Dame Simone Ehivet Gbagbo, le 11 avril 2011. Gbagbo est transféré à Korogho, puis déporté à la prison de Scheveningen à la Haye et jugé à la CPI.  Son épouse Ehivet est séquestrée à Odienné puis à Abidjan.

Le Colonel Mouammar Kadhafi en Libye est lynché est assassiné le 20 octobre 2011 dans les fracas des bombes de l’OTAN menés par le nabot fantasque Sarkozy. La France de ce quinteux, avait été très active à l’ONU pour arracher un mandat onusien contre Kadhafi. Un haut responsable de la rébellion libyenne accusa la France d’avoir été la main tueuse du Colonel. Selon les déclarations de ce rebelle dans les colonnes de ‘Corriere della Serra,’ ‘Mediapart,’ et ‘The Telegraph,’ c’est un agent des services de renseignements français mêlé aux excités drogués libyens, agents de l’occident, qui aurait appuyé sur la gâchette et exécuté le Guide de la révolution libyenne.

Le crime commis, ces monstres à la conscience malade jouent les humains. Pour certains, les criminels de guerre de l’ONU auraient franchi la ‘ligne jaune’ puisque leur mandat consistait à ‘protéger les populations civiles(?).’ Rupert Colville, Haut Commissariat des droits de l’Homme sorti de son delirium, déclare. ‘A propos de la mort de Kadhafi hier, les circonstances ne sont toujours pas claires. Nous estimons qu’une enquête est nécessaire.’  Human Rights Watch, leur agent de manipulation des consciences mène l’enquête. Son rapport intitulé, ‘Mort d’un dictateur: Vengeance sanglante à Syrte,’ témoigne du biais descriptif et analytique des faits. L’assassinat du leader de la Jamahiriya Arabe Libyenne populaire et socialiste et de certains de ses fidèles, est dénoncé dans ce rapport. ‘Tuer des combattants capturés constitue un crime de guerre.’ Le rapport de la commission des affaires étrangères du Parlement britannique (‘Libya: Examination of intervention and collapse and the UK’s future policy options,’ ) informe que ‘le changement du ‘régime kafkaïen’ de Kadhafi était le véritable objectif de la coalition occidentalo-arabe, sous l’égide de l’ONU et avec l’OTAN pour son bras armé.’

Vient le tour du candidat François Hollande aux élections présidentielles de mai 2012. Il déclare à ‘Jeune Afrique’ que s’il est élu, il posera ‘des principe établis entre le nouveau président de la République française et les chefs d’Etats africains,’ afin de ‘clarifier nos rapports.’ Ensuite, il précise, ‘nous ne chercherons pas à déstabiliser des pays et leurs dirigeants.’ Jean-Christophe Rufin, ex-ambassadeur au Sénégal proche de Martine Aubry explique dans ‘Le Monde,’ peu avant la primaire socialiste que ‘Mme Aubry nous sortira de la Françafrique.’ Hollande, de son côté toujours dans ‘Jeune Afrique,’  promet après la défaite de Aubry à la primaire, de se débarrasser définitivement ‘[des] réseaux, [des] connivences, […] [des] rapports de domination, d’influence et d’affairisme pour les amis du pouvoir.’

Si le président malien Ibrahim Boubacar Keïta lors du dernier sommet Afrique-France de Hollande, estime dans son discours officieux que ‘la France et son armée ne seront jamais intervenues qu’au chevet de la démocratie en Afrique et non plus au secours de quelque autocrate ou despote,’ les faits sur le terrain vont contre cette affirmation, et démentent aussi les  déclarations de bonne intention du président français. Inscrit dans la logique gaulliste, son quinquennat porte la marque française, du ‘gendarme de l’Afrique.’ D’abord par l’‘opération Serval’ qui intervient lorsque le 11 janvier 2013, des colonnes jihadistes avancent vers Mopti. Puis la mise à la disposition de l’‘opération Barkhane’ qui succède à l’‘opération Serval,’ d’un effectif de 4 000 soldats français. Bien que Hollande pour sa part ressente un ‘goût inachevé’ par rapport à sa mission militaire ‘humanitaire,’ ‘salvatrice,’ et ‘salutaire,’ Laurent Bigot, un ex-diplomate français, n’est ni de l’avis de Keïta, ni de Hollande. Il s’explique. ‘En tant qu’opération de «com,» Serval et Barkhane sont certes une réussite, d’autant que les médias sont peu curieux. Mais pour le reste, l’échec est patent: ni au Mali ni en Centrafrique (‘opération Sangaris’ déployée de fin 2013 à 2016), les objectifs n’ont été atteints. Non seulement le Mali, mais le Sahel tout entier, est désormais en pleine implosion, le nombre d’attaques et de morts est en hausse exponentielle.’

Pièce négligeable

Les vieux réseaux de la Françafrique n’ont pas disparu. Robert Bourgi est un homme-caméléon. Un bon acteur. Un excellent metteur. Simple et complexe. Attirant et repoussant. Vague et précis. Humain et animal. Distant et proche. Fougueux et doux. Présent et absent. Lumineux et terne. Expansif et cachotier. Parler pour nuire, déranger, protéger ou se venger et venger. Robert Bourgi est un tout. Mais il n’est pas le pilier ni l’un des piliers essentiel de la françafrique. La françafrique c’est plus compliquée. Il est juste un agent de liaison. Une pièce négligeable.

Feumba Samen

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