Comme le hasard sait bien faire les choses, je me suis retrouvé dans une église à Bonamuusadi-Village à Douala dénommée Mbella Jedu après la levée du corps de la mère d’un ami à l’Hôpital Ad Lucem. L’occasion m’est ainsi donnée d’assister au culte en hommage à une de nos rares mamans qui nous restait encore en vie.
L’ambiance est celui du deuil. Elle est encore plus morose ce vendredi, jour ouvrable, précédé d’une pluie matinale qui a dû dissuader l’arrivée de quelques personnes, laissant des vides par endroit sur les bancs de l’église.
Pas de quoi faire reculer le pasteur, trop enthousiasme avec son micro collier à faire son sermon et à présenter son homélie du jour.
L’homme d’église en a profité pour persuader celles des personnes présentes qui ne sont pas sur le chemin du seigneur de le retrouver aussitôt avant qu’il ne soit trop tard. Référence est faite sur la maman partie qui a eu la vie sauve (décédée à l’âge de 83 ans) pour s’être confiée très tôt au tout puissant. Tout est fait et dit pour amener les gens à s’interroger sur leur vie et piquer un ou deux ouailles pour le compte de sa congrégation religieuse. Pour ceux qui vivent certainement dans le doute et les regrets.
C’est le moment de collecter la dîme. Quelque peu cérémonial. Il est exigé à toute personne de passer déposer la sienne dans le panier non loin de l’autel. Sous le regard du pasteur et des anciens d’église. Comme pour dire : « Je vous ai à l’œil ». Ceux qui sont grand doivent montrer leur grandeur et aucun serviteur n’aura l’occasion de faire dissimuler un sou.
Lecture est faite de la quête du jour. Au total, 43 000 fcfa récoltés. Consistant au regard des maigres personnes présentes. Si, la rareté des pièces de monnaie met en difficulté les fidèles, elle fait cependant le bonheur de l’église qui se voit ainsi rassembler les billets en lieu et place des jetons.
Le panier est porté à l’autel du pasteur. Il y impose les mains en donnant une prière. Une pratique très courante et beaucoup plus visible chez les feymen. Il bénit tous les donateurs et demande à Dieu de leur en donner d’avantage et de remplir leurs poches.
A ceux qui n’ont rien donné, il les maudit et appelle le seigneur à les appauvrir et de les sevrer.
J’en fais partie. Sans jetons, avec uniquement un billet de 500fcfa dans la poche qui doit me servir de transport pour mon retour, je ne pouvais pas me permettre de le donner pour la dîme. Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même ? Est-ce pour cela je dois recevoir les malédictions d’un pasteur. Au départ, cela nous a amusé (mon ami et moi assis côte à côte, avec lequel je partageais la même misère).
Après mon sang a fait un tour. Je me suis dit : Pour qui se prend même ce pasteur ? Ne sait-il pas que c’est un privilège pour lui d’avoir un athée comme moi dans son église ce ne reste que pour une minute ? Nous sommes venus faire foule et nous ajouter au nombre de ses moutons présents, donnant l’impression aux nouveaux venus qu’il a beaucoup de fidèles. Un des arguments pour accrocher les réticents. Il ne sait pas que c’est lui qui doit plutôt nous payer? Je suis entré en transe. La moutarde est montée sur mon nez et pan!
- Maudit toi-même. Que ton église soit dépouillée de fidèles et se vide. Que ta soutane noircit davantage et se transforme en cendre. Est-ce que la dîme est d’abord obligée. Et c’est sur mon dos que tu veux t’enrichir ? Sorcier. Imbekon!