De nombreux travaux sont en cours, d’autres en voie d’être réalisés à l’approche des grandes pluies pour empêcher aux habitants de cette ville à connaître le pire et réduire leurs souffrances en cette période précise.
Douala se prépare à faire face à la montée des eaux en cette veille de grande saison de pluie. A la direction des grands travaux de la Communauté urbaine de Douala (CUD), considérée comme la brigade anti-inondations de cette institution, c’est la mobilisation tous azimuts. Les réunions se succèdent. Les études aussi. Après un diagnostic de l’hydrographie de la ville et l’identification des zones critiques, le temps est à l’action. Ça presse. Il faut aller vite.
A un mois du début des grandes pluies, il faut éviter le pire aux populations. Du moins, réduire leurs souffrances en cette période précise. Car, dans une ville située à 40 mètres en haute altitude et à un mètre en basse altitude de la mer avec 6millions de m3 d’eau reçus par an où le pic des flux a souvent atteint les 5000m3 (1980) et 4000m3 (2000), le risque d’inondations est énorme. Roger Tchangang, Directeur des grands travaux à la CUD en est conscient. Il faut anticiper. « L’appel d’offre du marché à commande pour le curage des drains en triennal pour 900 millions francs, et le curage des drains en triennal à hauteur de 600 millions francs est déjà lancé. Les entreprises adjudicataires devraient être connues au plus tard au début du mois de juillet, premier mois de grandes pluies afin de pallier à l’urgence », nous confie-t-il.
Avant cela, quelques travaux de libération des zones critiques programmés ont été exécutés, ainsi que les opérations de veille émanant des hautes directives du Maire de la Ville, qui suit particulièrement ces activités . Notamment, le curage au niveau de la Besseke, ‘l’un des plus grands exutoires de la ville, engagé au mois de mai, précisément en face de la tribune officielle, exécuté avec une pelle excavatrice. Celui du drain ngim entre la vallée Happy sport et le Parcours Vita à l’entrée de Makèpè. L’ intérieur de cet espace de sport et de loisirs a connu l’intervention de la pelle amphibie au courant du mois d’avril pour recalibrer le lit du ngim qui y traverse pour rejoindre le drain Tongo Bassa drainant les eaux provenant de Malangue en passant par Makepè Missoke (« pont cassé »). Ces opérations débutées au mois de mars se sont poursuivies par celles des drains de Moore paragon, Njoh Nseke à Bonaberi, kondi au niveau du carrefour cité des palmiers, pour ne citer que celles là. Ensuite, il y a eu le curage des caniveaux dans le centre ville, notamment dans la zone d’Akwa et sur le plateau Joss.
Des actions fortes mises sur pied par la DGT de la communauté urbaine de Douala, indique Roger Tchangang, pour dégager les canalisations de drainage des eaux pluviales, des déchets à l’approche des grandes pluies. Des opérations auxquelles s’est ajouté le bétonnage d’environ 10 km de drains dans le cadre projet de villes inclusives résilientes (PDVI) qui permettront à la ville de libérer les grands bassins versants et par conséquent d’alléger les effets des inondations.
Il y a deux ans, c’était au tour des poches difficiles comme Mabanda de bénéficier de ces grands travaux de curage. Suivi l’année dernière de 30 km de caniveaux curés dans d’autres parties de la ville. « Nous allons désormais à l’essentiel », précise le Directeur des grands travaux.
Une nouvelle stratégie adoptée par la grande municipalité de Douala pour plus d’efficacité et en rapport avec la modicité de ces moyens. « Nous dégageons l’intérieur provoqué par les obstacles externes », souligne-t-il.
Des travaux colossaux qu’abat la CUD mais qui s’avèrent insuffisants au regard de la lourdeur des investissements qu’exige la ville de Douala pour arriver à bout de ces inondations.
En effet, sur 250 km de drains que dispose la ville, seulement 70 km sont construits. Plusieurs de ces canalisations non bétonnées sont très souvent obstruées par les habitations et constructions anarchiques. Ce qui contribue à aggraver les inondations dans cette ville où l’incivisme des populations a fait des drains des dépotoirs. Sans compter les effets du changement climatique à l’origine de nombreuses perturbations météorologiques et températures qui déjouent toutes les prévisions des autorités dans cette bataille. Ajouté à cela, la mauvaise occupation du sol, l’invasion dangereuse de la mangrove (forêt littorale et barrière naturelle entre les eaux du fleuve et la terre) et des bassins d’infiltration ou de retenue d’eaux auxquelles se livrent les populations, parfois, avec l’aval de certaines autorités en hauts lieux qui délivrent à la surprise générale les titres fonciers dans ces zones interdites de construction.
Des comportements qui entravent les efforts entrepris et sont loin de faciliter ce combat contre les eaux que mène la ville de Douala. Ainsi permettre à un meilleur désengorgement de cette cité de ses eaux pluviales.
Félix EPEE