Marcelin Emack : « Le style simple est une obligation en littérature quand on aspire être un grand écrivain ».

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Agé de 22 ans, ce jeune auteur Camerounais nous parle de son tout premier ouvrage Visage de l’espoir, fait d’une dizaine de recueils, paru en 2023 et nous présente sa vision du métier d’écrivain qui fait partie désormais d’une de ses occupations privilégiées.

Après chaque souffrance, il y a toujours de l’espoir. Quel type d’espoir présentez-vous à travers votre ouvrage ?

L’espoir que j’essaie de montrer, c’est l’espoir que nous avons tous. C’est l’interpellation de la souffrance de l’autre. Car, dans le visage de l’autre, on peut lire nos propres turpitudes et misères. C’est ce visage là que je peints qui se voit en première de couverture de mon livre à travers ses larmes qui coulent tous les jours sur nos visages par lesquelles nous passons tous. Par ailleurs, j’ai toujours estimé que l’espoir est dans le processus. C’est ce qu’on vit au quotidien. Il n’est forcément pas là pour nous délivrer de notre condition mais il nous permet de continuer de résister et d’être résilient qu’importe la situation.

Pourquoi autant de tristesse dans votre ouvrage. Est-ce le reflet de vos souffrances intérieures ?

Pas du tout. Dans ma littérature du moins dans mes recueils, j’ai toujours eu un faible pour la mélancolie parce que de la mélancolie se dégage cette forte empreinte de la réalité. Cette impression de descente aux enfers. C’est cet état d’esprit-là qui m’a beaucoup animé dans ce livre. Car, en voyant les misères ou le malheur de l’autre ou sa condition difficile, cela nous pousse à nous interroger fortement sur ce que nous sommes, ce que nous pensions vivre et que nous puissions nous même voir que l’espoir est en chacun de nous. C’est seulement que les conditions de vie sont différentes. Chacun devrait plutôt utiliser son espoir pour résister à ce qui lui arrive pour espérer mieux. Mais dans  mon livre, je mets plus en avant tout ce qui viendrait empêcher le désespoir.

A vous entendre, ce n’est pas loin d’une autobiographie…

Forcément, c’est une facette de ma personnalité. Cependant, j’essaie de transcender mon être. J’estime que ma personne est très petite pour centrer tout un livre de 190 pages sur elle. J’utilise l’observation. Je regarde beaucoup autour de moi. Je médite également pour mieux comprendre ce qui arrive aux autres, leur façon de penser et mieux peindre ça dans une sorte de mélange fiction et réalité pour que cette grande impression de vraisemblance et l’émotion de la simple réalité puisse se ressentir dans l’esprit du lecteur.

Votre style est assez simple et dépouillé d’artifices.  Est ce un choix ou bien une façon pour vous de se faire comprendre des lecteurs

Je pense que ça se situe au milieu. Oui, c’est un choix mais c’est plutôt comme une obligation quand on a envie d’être un grand écrivain.  Dans cette simplicité ce n’est pas dire et faire simple pour être compris où jouer au simpliste mais c’est pour moi une envie de faire de l’art. C’est-à-dire utiliser les mots comme personne et être compris par tout le monde. C’est à dire être original. Cette simplicité consiste à toucher tous les esprits pour que l œuvre puisse avoir le même effet pour tout le monde.

Allez-vous préserver le même style ou comptez-vous évoluer avec le temps ?

Le style est sensé évoluer à chaque fois qu’une œuvre parait. Dans mon cas, je compte bien évoluer. Pas nécessairement pour montrer en première intention qu’il y a eu de l’évolution mais pour simplement revêtir cette maturité de mon écriture ainsi que celle des sujets que j’aurai à aborder. En plus, j’ai bâti ma littérature de tel sorte que je la perçois comme un dessin. Il ne serait pas intéressant pour le bien de la littérature de produire des livres simplement parce qu’ils seront lus ou qu’on va les acheter. Je pense que lire, publier, éditer ou participer aux autres activités littéraires, c’est aussi faire de la littérature.

Quels sont vos références en littérature ?

Une des personnes qui m’a beaucoup inspiré est un auteur de la littérature française Guy de Maupassant pour sa maitrise du genre dans lequel j’évolue pour l’instant qui est la nouvelle. En dehors de lui, il y a Mohamed Mbougar Sarr que je venais de découvrir qui me fascine par son ambition littéraire. Cette quête de l’absolu dont il fait preuve qui m’anime à présent pour les prochains ouvrages que je vais produire.

Quel est l’agenda de Marcellin pour les prochains jours?

Je suis encore en pleine promotion de mon ouvrage qui vient de paraître que j’invite d’ailleurs beaucoup de personnes à lire. J’ai déjà fait deux dédicaces. Une à Yaoundé et une autre à Douala. J’irai certainement dans d’autres villes du pays. Tout dépendra de ce que décidera mon éditeur. En plus de cela, j’ai trois autres ouvrages en préparation que je dois publier jusqu’à 2026.

Le métier d’écrivain au-delà des nuits blanches et de l’isolement, est une présence dans les colloques, les salons, les conférences et autres rencontres entre amateurs de lettres à travers le monde. Etes-vous préparé à cela ?

Vous savez, quand on est passionné, on ne ressent pas le poids de ces dépenses physiques là. Ca se fait avec le cœur. C’est la passion. C’est en même temps encourageant de voir autant de personnes autour de soi qui s’intéressent à votre travail. Avec ça, l’énergie ne peut pas finir en cours de route.

Propos recueillis par Félix EPEE

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