Selon certaines informations venant de la haute hiérarchie de l’ armée à Niamey, Paris préparerait une intervention militaire pour remettre en selle le président déchu Mohamed Bazoum dont le gouvernement restait jusqu’alors son unique allié dans le Sahel.
La France va-t-elle accepter perdre son dernier pays allié dans le Sahel ? Pas si sûr. Les militaires ayant renversé le Président nigérien accusent la France de fomenter une intervention militaire pour libérer l’ex-chef de l’État. Elle cherche à le faire par tous les moyens avec la complicité de certains Nigériens », a indiqué le colonel major Amadou Abdramane, qui, de concert avec d’autres militaires, avait, il y a quelques jours, renversé Mohamed Bazoum.
Selon ces mêmes militaires, Hassoumi Massaoudou, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du gouvernement déchu et autoproclamé Premier ministre par intérim après le coup d’Etat alors qu’il se trouvait à l’extérieur du pays, a signé des documents donnant l’autorisation à l’armée française « d’effectuer une frappe aérienne au sein du palais présidentiel afin de libérer l’ex-Président Mohamed Bazoum ».
Le colonel major Amadou Abdramane affirme disposer des documents prouvant ces informations. Un gros risque que la France s’apprête à prendre, si cette information s’avérait vraie et qui risque encore de ternir d’avantage son image en Afrique.
Depuis l’annonce de ce coup de force, le Quai d’Orsay semble ne pas digérer le cours de l’évènement. Déjà, dans la majorité des médias français, on ne parle pas de Coup d’Etat mais plutôt de tentative de coup d’Etat. Ce qui suggère que l’Etat français à travers ses médias n’a pas encore accepté le départ de leur protégé du pouvoir. On ressent à travers les sorties des officiels français des stratagèmes pour le remettre en selle. Manœuvres qui sont suivies de la suspension immédiate par la France de son aide au développement à l’endroit de ce pays, également des menaces et mise en garde du président du président Macron contre des manifestants qui oseraient porter atteinte aux intérêts et ressortissants français.
Sauf que dans ce genre de situation trouble où la France se voit perdre pied et ses intérêts dans ce pays du Sahel et de surcroit l’un des derniers pays où elle avait encore de l’influence, elle peut elle-même provoquer des incidents pour se donner carte blanche et l’autorisation d’agir aux yeux du monde.
Plusieurs exemples dans l’histoire nous ont enseigné dans presque ce même cas de figure. L’un des plus récents est la Côte d’Ivoire en 2004 où la France a fait abattre ses propres ressortissants attribuant ainsi le meurtre aux forces de défense ivoiriennes de l’époque, scénario qui lui a permis de mettre son armée en action et profiter de détruire l’aviation ivoirienne qui sortait pourtant d’une opération de reconquête du Nord du pays occupé par les rebelles. Ce, maintenant ainsi une division du pays créée par une guerre civile qu’elle avait elle-même financée.
Mais le monde a changé. 20 ans après, les données géostratégiques de 2004 ne sont pas celles de 2023. Le monde tend vers la multipolarité, les menaces et les intimidations perpétrées par cet ancien pays colonisateur aux chefs d’Etat en fonction ne semblent plus marcher. Par ailleurs, les populations de ces pays de plus en plus éveillées, y compris celle du Niger sortie massivement pour soutenir le coup d’Etat, avec la diversité médiatique et le travail de sensibilisation de la société civile africaine ne se laissent plus facilement manipuler. Jusqu’où la France va-t-elle pousser son bouchon sans laisser les plûmes ?
1.500 soldats soldats français sont actuellement présents au Niger dans le cadre de l’opération Barkhane. 230 soldats non loin au Tchad dans le cadre de la coopération militaire pouvant venir en renfort à tout moment. Sans compter les unités militaires de l’Allemagne, de l’Italie et des États-Unis qui se trouvent également sur le territoire du pays. Les soldats américains se chiffrant à 1.000 personnes, selon Associated Press.
Source: mibiamafrica & sputnik afrique