Douala a doté certains de ses quartiers des équipements de loisirs et de sport (espaces verts, terrains multisports, espaces de socialisation, parcours santé). L’aménagement de ces parcs de proximité répond ainsi à un besoin vital des populations de cette ville. Car, ces équipements brillaient par leur rareté dans cet espace urbain. L’unique parc visible et connu dans la ville, situé à la place du gouvernement à Bonanjo, en dehors de ceux érigés lors de son extension dans les cités nouvellement construites venues se greffer à l’ancienne ville, est celui laissé par le colonisateur.
L’exécutif communal actuel, en s’investissant à l’implantation de ses équipements, a certes compris leur importance dans le paysage urbain et leur apport dans l’épanouissement, le bien-être et la santé des populations. Ce qui n’était pas, reconnaissons le, la préoccupation de ses prédécesseurs.
En effet, la construction des espaces verts et des équipements sportifs dans cette ville où règne beaucoup d’agressivité et désordre présente de nombreux avantages. Elle participe non seulement à la lutte contre les îlots de chaleur urbain, les risques d’inondations, l’imperméabilité des sols, mais aussi celle contre l’isolement social, les stress environnementaux, le manque d’activité physique et la sédentarité. Tous ces éléments cités démontrent à suffisance un lien étroit entre ces équipements et la santé. De surcroît, d’une politique au plan local plus respectueuse de l’environnement.
Sauf que, ces milieux thérapeutiques, quand ils sont mal conçus et gérés, peuvent devenir source de problèmes et de tensions entre potentiels usagers. Construits pour la plupart dans les quartiers défavorisés à forte densité, leur taille semble ne pas correspondre à la population aux alentours. Du coup, on se pose la question de son accessibilité et appropriation, au regard de cette inadéquation, par l’ensemble de la population. L’affluence étant susceptible de décourager un bon nombre de personnes. Pareil pour le mode gestion adopté de ces espaces qui peuvent remettre en question leur usage et annihiler le caractère social de l’affaire. On pense à l’attribution de leur gestion aux individus(privés).
Par ailleurs, l’arrosage, l’entretien des aménagements paysagers en plein air et des équipements urbains ne sont pas des activités très prisées et les mieux partagées dans nos villes et surtout dans les endroits de moindre visibilité. La ville de Douala saura-t-elle faire exception cette fois-ci ?
Le maire de la ville de Douala, Roger Mbassa Ndinè promet multiplier la construction des parcs dans plusieurs autres parties du territoire urbain mais évoque les difficultés foncières.
Toutes les terres n’appartiennent-elles pas à l’Etat ? Sommes-nous tentés de nous poser des questions. Pourquoi réfléchir autant quand il faut construire des infrastructures à utilité publique et indispensables à l’ensemble de la population, en plus, dans les quartiers spontanés sortis des terres anarchiquement et relevant très souvent du domaine public?
Si on observe les réticences pour ces cas, qu’en sera-t-il lorsqu’il faudra ériger ces équipements dans des quartiers huppés relevant du domaine privé et sécurisé sur le plan foncier cependant où le besoin d’aération et d’équilibre se présente avec autant d’acuité qu’ailleurs ?
La ville doit être pensée comme un décor où la beauté devrait être l’axe privilégié. C’est ce qui a fait la réputation de certaines grandes métropoles mondiales comme Paris, Sidney et autres qui drainent un nombre important de touristes.
On reconnait que l’opération d’aménagement est une machine lourde pour une mairie dont le budget seul ne suffit pas pour supporter tous les investissements. Surtout face aux priorités. La santé est cependant un choix politique. Douala est un corps malade laissé longtemps à la merci de la population et qui a besoin d’une thérapie de choc afin que lui-même puisse offrir quelque chose de bien. Un écosystème stable dans le présent et le long terme ainsi qu’un urbanisme favorable à la santé en adéquation avec sa population.
Félix EPEE