La 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations qui se déroule présentement en Côte d’Ivoire nous fait vivre des émotions et des surprises sans nulle autre pareil. Les surprises qui ne sont pas prêtes de s’arrêter au regard des prestations des équipes dites petites qui contestent la hiérarchie de celles considérées depuis des lustres comme des grands. Et ce, de la plus belle manière.
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Ce sera la plus belle des Coupes d’Afrique des Nations depuis la création de l’épreuve en 1957. Je les entends encore, plastronnant avec leurs titres de Présidents, FIFA et CAF. D’une part on ne se prononce jamais avant un rendez-vous de cette importance, d’autre part on ne peut pas parler de ce qu’on n’a pas vu. Il faudra attendre le coup de sifflet final s’auto-attribuer les médailles de la réussite. Au terme des 36 premiers matches, il est prématuré de porter un jugement sur la qualité du spectacle sportif. Evacuons d’abord le satisfecit dont il faut honorer le pays organisateur. Hormis le petit couac du début avec le problème des billets, tous les échos reçus des équipes ont été très positifs, mais vous n’empêcherez pas les éliminés du premier tour d’incriminer le pays organisateur pour expliquer leur échec. Passons…
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Parlons du terrain. Regardons de plus près le nom des qualifiés pour les huitièmes de finale et, à l’inverse, celui des bonnets d’ânes. Et pour ce faire jetons un œil sur le classement mondial FIFA des équipes africaines à la date du 22 décembre 2023. La Tunisie (30e) et l’Algérie (40e) sont les deux principales victimes. Depuis plusieurs années la Tunisie est en crise économique, conséquence entre autres du fléau. Les grands clubs du pays ont beaucoup de mal à résister à la crise du Covid-19. Le football n’est plus une priorité. A cela il faut se souvenir que les Aigles de Carthage ont toujours été les rois des phases de qualification, beaucoup moins des compétitions finales. L’Algérie a subi les mêmes maux et a sans doute cru que l’absence de nombreux talents n’affectaient pas la sélection nationale. Et puis il y a cette rivalité, sorte de guerre larvée avec le voisin marocain, qui a détourné le pays de la vérité des pelouses.
La troisième principale victime du premier tour c’est le Ghana. Le football ghanéen jouit d’un prestige qui remonte à de lointaines décennies. Cela fait des années que ses grands clubs ont disparu de la scène continentale. La dernière couronne d’une équipe ghanéenne, Hearts of Oaks, remonte à l’année 2000 et la finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions. Pas de trace depuis de l’autre grand du pas, l’Ashanti Kotoko de Kumasi. Certes plusieurs joueurs du pays ont brillé en Europe mais cela ne suffit pas pour en faire un favori. Le Nigeria qui, lui, a gagné sa place pour les huitièmes de finale est un peu dans la même situation. Qu’est devenu le club Enyimba d’Aba, vainque de la Coupe des clubs en 2003 et 2004 ?
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A qui profite cette situation. Aux petits, sans le moindre titre de noblesse qui progressent dans l’indifférence. Jamais vous ne lirez dans la presse non nationale, des articles sur les équipes du Cap Vert, de la Guinée Equatoriale, la Mauritanie ou la Namibie. Cela n’intéresse personne. Toute victoire de ceux-là, en cours de compétition, est aussitôt qualifiée de surprise, voire de très grosse surprise. Ces pays travaillent dans l’indifférence de leurs futurs adversaires. Mieux, leur public ne leur demande qu’une chose, offrir un bon visage de son football, de leur pays. Quand on n’est pas fragilisé par la victoire à tout prix, on est plus libre sur le terrain.
Enfin rappelons que 80% des joueurs présents en Côte d’Ivoire évoluent hors du continent. Ils ont une autre vision de la CAN même si publiquement ils se disent très concernés. La priorité de la plupart est d’éviter la blessure qui pourrait remettre en cause leur statut dans leur club. Cette attitude a toujours existé. Il n’y a pas de raison pour que ce comportement change.
Pour ne pas terminer sur une série de points d’interrogation qu’il y a deux rendez-vous immanquables en huitièmes de finale, Côte d’Ivoire – Sénégal, le pays organisateur contre le tenant du titre, et Cameroun – Nigeria, deux voisins qui ont fait l’histoire du football africain, qui ne s’aiment pas trop et surtout dans le domaine qui est le nôtre, le football.
Par Gérard Dreyfus. Le chapeau est de la rédaction.
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