Plusieurs décisions prises dans notre pays le sont toujours lorsque la population est fatiguée de dénoncer les maux qui la rongent ou quand le pire ou l’irréparable s’est produit. On voit aussitôt nos autorités se mouvoir pour essayer de sauver les meubles et faire bonne figure.
Jeudi 25 avril 2024, le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a sorti un communiqué interdisant la divagation des animaux domestiques dans la ville de Douala.
Cette mesure intervient après un accident mortel survenu vers la pénétrante Est de la ville de Douala. Accident au cours duquel, un moto-taximan essayant d’éviter un bœuf qui déambulait sur la chaussée, est entré sous un camion sans plus pouvoir en sortir.
Cet incident triste a suscité une grande émotion de la population de notre grande agglomération.
Plusieurs personnes en ont profité de l’occasion pour interpeller une fois de plus les autorités municipales et administratives sur ce phénomène devenu récurent dans la ville de Douala.
Ville dans laquelle, certains habitants vivent aux antipodes d’un comportement qu’ils sont supposés avoir dans cet espace de vie moderne mais ont plutôt opté maintenir leurs habitudes de campagnards sans que ceux qui sont sensés les rappeler à l’ordre ou les sanctionner, ne leur disent mot.
Du coup, c’est l’anarchie. Pas d’enclos. Les bêtes aux proprios inconnus sillonnent la ville, le plus souvent, sans berger à la recherche du pâturage qu’on n’en trouve d’ailleurs pas dans une ville exsangue de verdure. De petits jardins qui peuvent encore être considérés comme tel, sont saccagés. Leurs feuilles dévorées. Insuffisants dans leur marche pour remplir leur pense. Les cimetières mal entretenues où les herbes sauvages ont élu domicile sont pris d’assaut par ces bêtes affamées. Conséquence de cette déferlante. Les défécations sur le long des routes parcourues par ces gros herbivores à ne plus en finir.
Si les automobilistes doivent multiplier d’adresse pour esquiver ces bovins à leur passage, les piétons quant à eux devraient contourner les tas de bouse sur la chaussée ou sur les trottoirs avec un bourdonnement de mouches triomphant de prendre part au festin. Combien de parebrises de véhicule ont-ils volé en éclats dans ces circonstances ? Quel nombre de personnes est entré dans la rigole ou s’est foulé le pied parce qu’il fuyait, épris de peur, le troupeau venant en face d’eux?
La ville est ainsi transformée à une écurie à ciel ouvert où les odeurs de fiente se mélangent à celles provenant des rigoles non couverts contenant toutes sortes de détritus.
Pas du tout agréable à voir n’est-ce pas ? L’image la plus insoutenable et discréditant pour notre bled est celle des bœufs mangeant dans les poubelles insalubres dont la viande finira dans les plats de nombreux habitants et restaurants de la ville de Douala. Même les autorités sanitaires de la ville, qui empruntent régulièrement ces tronçons parcourus par ces bêtes, ont eu tellement les yeux bandés pour ne pas s’en apercevoir.
Une incommodité que nous avons plusieurs fois décriée dans nos précédents articles sans qu’aucune autorité locale ne bouge son cul.
Comme en leur habitude, il a fallu qu’il y ait mort d’homme pour voir le landerneau administratif s’agiter. Cela, pour éviter que la rue ne s’empare du problème et en fasse sien. Le gouverneur, conjointement avec le préfet du Wouri se sont donc saisi de l’affaire ventilant sanctions et menaces à tout contrevenant et propriétaires de ces animaux. Malheureusement, toujours, trop tard.
Félix EPEE.