La jeune artiste fait salle comble deux fois de suite respectivement le 10 et 19 octobre 2024 à l’IFC de Douala bousculant ainsi les codes qui donnent très souvent ce privilège aux musiciens de renom.
On n’aura jamais attendu un concert comme celui-là. Seulement deux ans après la sortie de son tout premier album dévoilée le 03 avril 2024 dont le clip du titre « Compliqué », diffusé en boucle sur plusieurs chaînes de télévision locales camerounaises, a captivé pas mal de mélomanes. C’est la déferlante ! Y compris de la chance pour les admirateurs et fans de l’artiste qui trouveront la place dans la salle. Ça joue serré. Depuis la première prestation du 10 oct. La demande est grande. 225 places. Insuffisantes pour contenir le millier de personnes qui a effectué le déplacement. C’est « compliqué ».
Un deuxième concert est programmé pour le 19 oct. Brillante idée pour les organisateurs et leur partenaire, l’Institut français de Douala qui permettent de desserrer les gorges nouées d’un public assoiffé. Lorsque l’occasion se présente, il est toujours intéressant de revoir l’artiste, dans un cadre et contexte autres que ceux dont on est habitué.
A l’entame, une intro, « Je t’aime » en vocalise presqu’inaudible dans un vacarme du hall qui précède la salle de spectacle et pris d’assaut par les spectateurs. Une trouvaille certes ingénieuse mais plombée par une mauvaise sonorité externe. La salle est ouverte au public. Ça se rattrape. Pendant que les spectateurs prennent position dans leurs places respectives, un host suivi de chœurs les accompagne avec « Manyaka », une Afro pop soutenue par une chorégraphie très imagée des danseuses. Le ton de la soirée est donné.
L’artiste enchaîne avec «Toquer goûter », un autre titre des 14 de son album. Une sensibilisation par rapport aux escrocs sentimentaux prêts à officialiser une relation auprès des parents de leur dulcinée avec cependant pour seule intention de profiter de leur corps. Le message est-il passé ? Apparemment oui. Car, reprise en chœurs, la chanson semble connue de toutes les jeunes filles présentes dans la salle.
Seppo monte d’un cran avec « Compliqué ». Ce titre fétiche qui l’a révélée au grand public et l’a mise au rang des artistes les plus sollicités de l’heure. Attendue par beaucoup pour la fin, comme le veut la tradition dans ce type de représentation, il tombe comme un cheveu dans la soupe. C’est l’hystérie. Le public est aux anges. On sent quelque chose de retrouvé. Un retour aux fondamentaux du makossa originel. Bref. Une bouffée d’air pour les conservateurs et les personnes d’un certain âge, étouffés, dans un environnement musical dominé par l’afrobeat nigérian, lui même s’inspirant de l’amapiano sud-africain et d’autres influences anglo-américaines. Le succès est total.
Une réussite née d’un retour aux sources réclamé implicitement par de nombreux mélomanes. L’artiste en est consciente et en parle avec fierté. Raillée pourtant au départ par sa tranche d’âge qui la qualifia de périmée pour s’être entichée d’un rythme déclaré à tort mort par certains. « Les gens ont retrouvé en moi quelque chose d’avant. Ce que nos parents aimaient et qui n’existait plus que j’essaie de faire revivre en y apportant un peu de modernité». Un choix musical que s’est donnée Alexandra Seppo et qu’elle voudrait pérenniser dans la durée. Certes, le chemin est encore long. En plus, il est facile d’arriver au sommet que de s’y maintenir. On espère néanmoins la voir porter haut le flambeau de ce rythme dans le futur avec la même dynamique. En apportant, avec le temps, un peu plus de la profondeur à ses textes.
Seppo se fait ainsi découvrir et se découvre face au public. L’osmose est au rendez-vous. « Mba na na e », une chanson à succès de Toto Guillaume, reprise, est exécutée en compagnie du gagnant de sa meilleure interprétation lancée dans le cadre du concept « Seppo Challenge ». Suivront « Espoir », « Mon Ex », « Amitié » et « Bukatè » en featuring avec Phillbill. Des chansons en signe d’ouverture à d’autres mouvances actuelles et jeunes qui ne l’amènent pourtant pas à s’écarter de son registre. Youyous et cris de fans sont lancés depuis différents coins de la salle, quelques fois, de façon bruyante. L’ambiance presque festive n’en souffre pas pour autant dans son ensemble. Car, l’artiste, bien que parfois distraite par des amis et connaissances venus la soutenir pour la circonstance, a su heureusement rester focus dans son show.
Viendra pour annoncer le clou, la plus belle surprise de la soirée. La montée sur scène de Ben Decca. Cet autre doyen de la musique camerounaise et l’un des dépositaires du makossa, interprète sa propre chanson« Mama oh mba », en duo avec la vedette du jour. Une réédition à laquelle Seppo a su donner une touche particulière. Le « papy », avec toute la prestance qu’on lui connait, élève le niveau. C’est l’extase. Ça sera la partie la plus marquante de ce spectacle.
Le public debout salue l’artiste et l’ensemble des musiciens qui l’accompagnent. Il s’en tire joyeux en cette fin de semaine. Seppo, également satisfaite de sa prestation, joue la prolongation par une séance photo avec ses fans dans une salle attenante. Le prochain rendez-vous est pris pour Yaoundé où l’artiste souhaite rééditer le même exploit. « Douala est conquis, il faut maintenant aller à l’assaut d’autres régions du pays ». Une petite déception tout même pour le public. L’impossibilité de se procurer en souvenir l’album dédicacé par l’artiste à la fin du spectacle. Un volet auquel devrait se pencher les organisateurs pour les prochaines sorties.
Félix EPEE .