Cameroun/Entretien des cimetières : L’exemple qui nous vient de New-Bell à Douala.

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Assaini, embelli et sécurisé par une grande barrière en béton par la mairie de Douala II, le cimetière de New-Bell, autrefois décharge du voisinage, lieux de trafics de toute sorte et d’insécurité où logeaient les malfrats et petits délinquants pour se livrer à la consommation du chanvre indien, a pris fière allure. Cette transformation et modernisation de cet espace public destiné l’enterrement des personnes décédées, a amené plusieurs personnes à s’interroger sur le mode de gestion habituel de nos cimetières et leur place dans le paysage urbain de nos cités.

« Quand c’est beau, on ne peut qu’apprécier. Et lorsque les choses sont bien faites, elles se voient à vue d’œil », lance, Gabriel Tonye, un automobiliste de passage devant le cimetière de New-Bell à Douala, obligé de s’arrêter pour contempler la beauté des lieux.

C’est la même satisfaction que renvoie la majorité des habitants et visiteurs de la ville de Douala, « C’est merveilleux ce que la maire Denise Fampou est entrain de faire. On ne s’imaginait pas que les choses de ce genre pouvaient se faire chez nous », déclare Brice Tamadjeu, commerçant au marché Nkolouluon à Douala.

En effet, les populations de la capitale économique camerounaise sont habituées plutôt à voir les cimetières de nos villes dans la broussaille et laissés à l’abandon. Ce désintérêt à l’endroit de ces espaces publics destinés à l’inhumation de nos morts, a laissé place à de mauvaises habitudes qui ont transformé ces lieux très souvent en décharge pour ceux qui sont à proximité des habitations, s’ils ne sont pas le refuge des bandits qui agressent en toute impunité les passants. Sachant qu’entrés au cimetière après avoir commis leur forfait, personne n’aura le courage de les y poursuivre. L’état lugubre de ces champs de repos y prêtant flanc, aussi du fait de la peur entretenue chez nous à l’endroit des morts, de surcroît, des lieux qui les accueillent.

Plus d’une soixantaine d’agressions, en moyenne deux attaques par jour, sont ainsi perpétrées chaque mois autour des cimetières de nos villes. Aux alentours des cimetières Njo-Njo à Bonapriso, Notre Dame à Akwa et Deïdo  pour ce qui est de la ville Douala, il ne se passe pas une journée sans qu’une personne ne soit pris en partie par les bandits. Ces   assauts, perpétrés généralement dès la tombée de la nuit jusqu’au petit matin, ont fait de ces lieux, des zones d’insécurité redoutées par les populations et toutes les personnes qui viennent se recueillir ou déposer les gerbes de fleurs sur les tombes de leurs proches.

D’autres problèmes rencontrés liés à la gestion de ces espaces sont l’insalubrité due à l’absence de maintenance de ces installations (désherbage, déblayage des ordures,…),  le manque des voies d’accès et de séparation entre sépulture dû au désordre dans la construction des tombes. Il y a également le grignotage et la tentative d’appropriation d’une partie de ces lieux par les riverains, en l’absence du contrôle des autorités. C’est pourquoi, l’un des premiers actes de Denise Fampou, maire de Douala II dans la rénovation du cimetière de New-Bell a été d’y déguerpir les intrus et sécuriser sur la plan foncier cet espace.

Dans ce cafouillis, quelques cimetières sortent néanmoins du lot.  Le cimetière des Bois des singes à Douala. Cet espace, dont la gestion revient à la Communauté urbaine comme d’ailleurs tous les autres lieux d’inhumation, réservé exclusivement par le passé à l’enterrement des expatriés où se greffaient les sépultures d’une poignée de distinguées de la société, aujourd’hui ouvert à monsieur tout le monde bénéficie d’un minimum ‘d’entretien et d’ordre. Il en est de même de quelques nécropoles tenues par la mission catholique. Ce qui n’est pas le cas pour les cimetières communautaires dont la gestion est donnée aux différentes chefferies de canton par la Communauté urbaine de Douala.

Pourtant, des sommes importantes, selon notre source, sont dépensées chaque mois pour l’entretien de ces espaces publics dédiés aux morts de manière à faire de ces lieux de vrais havres de repos pour nos défunts mais avec un résultat mitigé.  A la Communauté urbaine de Douala à laquelle incombe l’entretien et la propreté de ces lieux, on se prononce très peu sur le sujet.

Cependant, selon certaines indiscrétions, l’entretien est attribué aux chefferies villageoises qui ne font pas leur travail. « Pour pallier à l’absence des salaires aux autorités traditionnelles avant le décret présidentiel datant de quelques années qui leur donne droit désormais aux émoluments, une ligne budgétaire à la Communauté urbaine leur était réservé, du moins l’est toujours pour la propreté des cimetières. Le but était non seulement de les valoriser en leur donnant la possibilité d’accomplir cette tâche mais aussi de les aider financièrement pour le fonctionnement dû à leur rang », nous confie dans l’anonymat un cadre de cette institution.

Si cette façon d’appréhender les choses par les autorités communales était saluée par le passé, le constat aujourd’hui est que les besoins des chefs sont passés avant la propreté de nos cimetières qui ne paient plus de mine.

Est-ce pour cela qu’à l’arrondissement de Douala II, la mairie s’est réappropriée la gestion en rénovant entièrement le cimetière de New-Bell situé dans sa localité ? Une possibilité faisant parmi les non-dits de la modernisation de cet espace qui subissait jusque-là l’effet de l’usure due au temps et la négligence de ceux qui en avait la charge.

De quoi remettre en question l’entretien et la maintenance de la plupart des cimetières à caractère communautaire laissé à la charge des chefs traditionnels.

Pour une bonne propreté et une dignité en la mémoire de nos proches défunts, la Communauté Urbaine de la ville de Douala conjointement avec les mairies d’arrondissement vont-elles suivre l’exemple de la mairie de Douala II, ce, en se réappropriant de la gestion de l’ensemble des cimetières de la ville de Douala ? Une urgence, si on veut donner un aspect agréable et une place de choix à ces espaces dans le paysage urbain de notre cité. Surtout pour le respect dû aux morts et leurs sépultures.

Félix EPEE

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