L’échange houleux entre le locataire de la maison blanche et celui du palais Mariinsky en Ukraine relayé en mondovision, en présence des hommes de main du premier et dans leurs locaux, n’a nullement ébranlé l’hôte des lieux. Imperturbable, Zelensky a résisté à tous les assauts du couple Trump-Vance. S’accrochant fermement à ses convictions et à la défense des intérêts de son pays, il a montré à ses compatriotes ukrainiens et au monde entier qu’il est un vrai « serviteur du peuple ». Une audace et un esprit de patriotisme que n’auraient pas pu faire montre face à une situation de ce genre de nombreux chefs d’Etat africains. Décryptage.

La diplomatie est ‘la pratique de représenter son pays auprès d’un pays étranger ou dans les négociations internationales. Elle vise à concilier les intérêts respectifs des pays et à régler des problèmes sans recours à la force.’ En d’autres termes, ‘la diplomatie est un art des négociations entre gouvernements.’ La conduite des relations internationales se fait par l’entremise de diplomates professionnels. La diplomatie est un art complexe. Sur ce tracée, le Républicain Mike Lawler (New York) dit, ‘la diplomatie est difficile et il y a souvent de graves divergences d’opinion et des échanges houleux à huis clos.’ Se référant à la visite du président Ukrainien aux Etats-Unis,il fait savoir que, le fait que le scandale Trump(JD Vance) et Zelensky ‘se soit répandu au grand jour a été un désastre.’
Bud Spencer et Terence Hill réincarnés en Trump et Vance
C’est connu, Trump fait la ‘politique-business’ et non la diplomatie. Seuls les intérêts économiques de son pays comptent. Les considérations morales, il s’en moque. Les exigences diplomatiques, il marche dessus. Le sens de l’honneur, ça ne le nourrit pas. Tous les moyens pour atteindre ces objectifs de la ‘politique-business’ sont bons. Même se battre contre une mouche écrasée. Cette fois, l’insecte désailé qu’il a trouvé pour ses ambitions, c’est Volodymyr Zelenskyy. Un adversaire fatigué. Enfermé depuis plusieurs mois à ‘Bankova,’ l’équivalent du ‘Palais de l’Unité’ de Yaoundé, de la ‘Maison Blanche’ à Washington, ou de l’‘Elysée’ à Paris. Un homme seul. Entouré de quelques rares fidèles comme cela arrive très souvent lorsqu’un régime en difficulté, est sur le point d’être cueilli comme un fruit mur, vit ses derniers jours. Un régime abandonné qui tient à une ficelle avant de ‘tomber comme un fruit pourri.’ Expression empruntée à Alassane Ouattara. Le fantoche et boucher d’Abidjan. Un désastre politique. Une catastrophe économique. Une piètre référence sociale. Malheureusement, modèle phare de Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).

Malgré la fatigue de trois ans de guerre infondée qu’il mène pour l’Etat profond contre la Russie agressée et le bloc qui veut un monde multipolaire, Volodymyr Zelensky, pris en tenailles face aux caméras du monde par deux caïds, Trump et Vance, sonne la révolte. Tenace. Persévérant. Obstiné. Parfois silencieux, il écoute. Puis rebondit pour l’atteinte d’un seul but—récupéré ce qui lui reste de son pays qu’il a mis en lambeaux par excès de zèle, dupé par Emmanuel Macron/l’Europe et Joe Biden. Doté d’une volonté inébranlable, il ne se laisse pas facilement influencer. Il s’accroche fermement à ses convictions. Malgré les opinions contraires, il résiste aux assauts du couple Trump-Vance. Ce désastre diplomatique vous amène à regarder les films de Bud Spencer et Terence Hill réincarnés en Trump et Vance dans le Bureau Ovale.
Embuscade planifiée
Cette scène ubuesque fait dire au Sénateur Chris Murphy (Connecticut), que ‘C’était une embuscade planifiée destinée à embarrasser le président Zelensky afin de profiter à Vladimir Poutine. C’était un embarras. C’était une abomination. Ce que vous avez vu.’ Il renchérit. ‘C’est la puissance américaine détruite dans le monde alors que tout le monde regarde le président Trump devenir le chien de garde d’un dictateur brutal à Moscou.’

Cette ‘embuscade tendue par le chien de garde de Vladimir Poutine,’ donne l’occasion à Zelenskyy de se prouver autrement. Il manifeste sur le tatami dressé par Trump-Vance, son indépendance psychologique. Prend position. Donne son point de vue. Fait valoir ce qu’il estime juste et légitime pour son pays. Bien que se sachant en position de faiblesse, Zelenskyy ne s’avoue pas vaincu face aux adversaires coriaces (Trump-Vance) qui ont choisi—le ring (Bureau Ovale). La date du combat (28 février 2025). Les reporters (accréditation à leur discrétion). Les arbitres (le congrès américain assisté de la population américaine). Le titre en jeu (deal sur les terres rares). Coup de sifflet final (donner par l’humeur de Trump). Dans cet environnement hostile, Zelenskyy a puisé dans sa personnalité et ses ressources singulières pour porter les coups. Au point que, le Secrétaire d’Etat Marco Rubio, s’est demandé ‘si [les Américains] pourrez à nouveau faire des affaires avec Zelensky.’
Eviter d’être un aplaventriste
Cette situation conflictuelle, orageuse, houleuse, lui permet d’affirmer son moi dans un monde sujet à controverse. Volodymyr Zelensky qui n’est pas un modèle politique, ni un stratège à suivre, a le mérite d’avoir enseigner au reste du monde que face à l’adversité, quel que soit l’adversaire, même si vous êtes auteur de votre bêtise, il faut à un moment donné de l’histoire, éviter d’être un aplaventriste.
Une qualité qui manque à beaucoup de chefs d’Etat africains qui se font très souvent humilier même quand le rapport de force peut être en leur faveur. Pourtant, il a été démontré que lorsqu’on fait prévaloir ses arguments sans trembler mais avec dignité face au puissant, il peut se raviser. Rétrograder le niveau de son agressivité. Revoir sa position. Et reculer. Une telle posture est guidée par une volonté politique patriotique. Malheureusement, l’essentiel des chefs d’Etat africains n’ont pas cette fibre patriotico-nationaliste qui devrait primer sur leur vie, pour l’intérêt de leur nation.

Un extrait de l’ouvrage de Claude Chauchadis intitulé, ‘La loi du duel, Le code d’honneur dans l’Espagne des XVIe-XVIIe siècles,’ est assez instructif de ce qui devrait motiver et caractériser le courage chez certains leaders à la tête des nations. Il écrit. « Plus l’agression est symbolique et plus l’importance accordée à l’opinion publique est grande. Un gentilhomme pourrait parfaitement éviter un soufflet ou un coup de bâton en prenant la fuite, mais ce serait pour lui un aussi grand déshonneur que de s’enfuir devant quelqu’un qui menacerait sa vie ».
Corroborant ainsi ce que dit Platon dans son ouvrage La République, » L’homme courageux est fort et caractérisé par le sens de l’honneur et une sensibilité au regard d’autrui, là est le plein sens de son courage qui lui permet d’affronter le danger.«
Le courage de Zelensky, même s’il s’inscrit à cause de ses nombreuses erreurs géostratégiques, dans la mouvance de la capitulation, reste une grande leçon de diplomatie et de géopolitique pour de nombreux chefs d’Etats africains.
Feumba Samen & Félix Epée